De Croo songe à une stratégie «covid» pour le climat
De Croo songe à une stratégie «covid» pour le climat
De notre correspondant MAX HELLEFF (Bruxelles) - Le sixième rapport d’évaluation du Giec a été largement commenté en Belgique, où l’on a beaucoup vu et entendu dans les médias le professeur Jean-Pascal van Ypersele (UCLouvain), l’un des pionniers du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Le constat selon lequel les dommages causés à la planète par la hausse des émissions de gaz à effet de serre et la montée des températures pourraient perdurer pendant plusieurs siècles est pris très au sérieux un mois après les inondations qui ont dévasté la région liégeoise.
Le monde politique a lui aussi rebondi sur le rapport. La ministre du Climat, Zakia Khattabi (Ecolo), estime que ce document n’est pas «désincarné» comme la précédente livraison du Giec datant de 2014.
«Il va falloir que les actes suivent les paroles, affirme-t-elle. C’est un instant de vérité. Je l’ai dit, toutes les politiques mises en œuvre doivent intégrer la question climatique, à commencer par notre plan de relance après le covid, également le plan de reconstruction en Wallonie après les inondations (…) Tout ce que l’on n’investira pas se traduira en coûts supplémentaires à court et moyen termes, parce que la situation va se dégrader.»
L’inaction est criminelle
Zakia Khattabi, ministre belge du Climat
Il est trop tôt pour dire si la présence d’Ecolo dans les gouvernements fédéral et régionaux (Wallonie et Région bruxelloise) réussira à transformer la Belgique en un bon élève de la classe climatique. Le Premier ministre Alexander De Croo se dit sensible à la question, mais il aura fort à faire pour rattraper le temps perdu. En 2015, lors de l’Accord de Paris, Flamands, Wallons et Bruxellois avaient surtout marqué les esprits par leur désunion.
Le gouvernement De Croo dit réfléchir en ce moment à renforcer les moyens mis au service de la lutte contre le réchauffement climatique. Il se verrait bien copier-coller la stratégie qui lui a permis de transformer la débâcle des premiers mois de la gestion de la pandémie en un relatif succès. L’idée serait de nommer un commissaire au Climat qui centraliserait les efforts fournis au niveau national – évitant une cacophonie semblable à celle qui s’était installée entre les huit ministres de la Santé.
Etat des lieux demandé
Un comité de concertation entre les différents niveaux de pouvoir serait régulièrement organisé pour marquer le pas. Mais pour l’instant, le pays est en vacances. Et la rentrée s’annonce déjà riche en dossiers épineux. On pense bien sûr au covid, mais aussi au vaste chantier de réforme des retraites.
Les prochains mois diront si l'état d’esprit a évolué. L’attitude de la Belgique sera observée de près lors de la Cop 26 qui, en novembre à Glasgow, fera un premier bilan des efforts faits par les Etats en faveur de la planète. Surtout, le calendrier de la sortie du nucléaire que s’est donné le pays à l’horizon 2025 va pousser les uns et les autres à abattre leurs cartes. Une première fermeture de réacteur est programmée en octobre 2022.
En juin dernier, le président du Mouvement réformateur (MR, au gouvernement fédéral) Georges-Louis Bouchez liait dans L’Echo le respect intégral de l’accord du gouvernement à «un monitoring, au plus tard en novembre, qui doit déterminer si on sort totalement du nucléaire, ou si on maintient deux réacteurs».
Ce monitoring doit se prononcer sur la sécurité d’approvisionnement, l’impact de la sortie de l’atome sur les prix pour le consommateur, les émissions de CO2 et l’emploi. Pour le libéral francophone, s’en remettre à des centrales au gaz ne peut constituer une solution unique, en raison notamment de la pollution qu'elles génèrent.
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