D'étranges piqûres suscitent l'inquiétude en France
D'étranges piqûres suscitent l'inquiétude en France
(Avec AFP) - Des nausées, des vertiges ou encore une vive douleur... Voilà les symptômes décrits par des dizaines de jeunes Français qui prétendent avoir été piqués en boîte de nuit ou dans des festivals. Les témoignages qui affluent à ce sujet ont créé un climat de psychose chez nos voisins.
Depuis début avril, une soixantaine de faits ont été enregistrés dans des établissements en France. Plusieurs régions sont concernées par le phénomène. Une quinzaine d'enquêtes ont été ouvertes à Rennes et d'autres dans l'Hérault, l'Isère, en Haute-Garonne, en Dordogne ou encore en Loire-Atlantique.
La police française n'a pas souhaité communiquer de chiffres à l'échelle nationale, expliquant que le phénomène n'est pas encore suffisamment avéré à cette échelle.
Pas de cas recensé au Luxembourg
Mais qu'en est-il au Luxembourg? Des faits de ce genre ont-ils déjà été recensés? «Pour l'instant, nous n'avons pas connaissance de tels cas», a expliqué le ministère luxembourgeois de la Santé, interrogé à ce sujet par nos collègues de Contacto. Du côté de l'Horesca, la fédération représentant le secteur de l'hôtellerie, de la restauration et des cafétérias au Grand-Duché, on explique que le phénomène «existe depuis longtemps en Angleterre» mais la fédération n'a pas entendu parler de cas au Luxembourg pour le moment.
L'origine des piqûres reste inconnue pour l'instant. Sont-elles provoquées par des seringues ou des têtes d'épingle? Le mystère reste entier.
Surtout que le mode opératoire de ces agressions en France diffère d'une région à l'autre, a précisé une source policière à l'AFP, expliquant que certaines pouvaient par exemple s'accompagner d'agressions sexuelles alors que d'autres non.
Des sueurs froides et des vertiges
A Nantes, Eloïse Cornut, 21 ans, raconte qu'en rentrant d'une soirée dans un bar dansant à la mi-avril, elle a ressenti «sueurs froides, nausées, frissons et vertiges». La jeune esthéticienne en alternance se sent mieux le lendemain mais le mercredi suivant, une de ses collègues lui fait remarquer une trace de piqûre à l'arrière de son bras. «Un point rouge entouré d'un bleu d'un centimètre de diamètre», décrit-elle pour l'AFP.
Eloïse, qui ne consomme ni alcool ni drogue, explique ne sortir que «de temps en temps le week-end, jamais en semaine», et relie «aussitôt» cette piqûre à sa soirée du samedi. «Mes collègues m'ont tout de suite dit d'aller à l'hôpital. On m'a fait une prise de sang et conseillé d'aller porter plainte». Ce qu'elle a fait le lendemain.
45 faits à Nantes
A Nantes, au total, 45 faits ont été portés à la connaissance des forces de l'ordre depuis la mi-février, selon le parquet. «Aucun dépistage n'a mis en évidence la présence de GHB ou autres substances toxiques», a indiqué le procureur Renaud Gaudeul à l'AFP, précisant qu'aucun suspect n'avait été interpellé.
Il est parfois difficile cependant de prouver la présence d'une substance: le GHB est indécelable dans le sang quelques heures seulement après son absorption.
Un gros hématome avec une piqûre
A Roanne, dans la Loire, une jeune femme de 18 ans souhaitant garder l'anonymat fêtait le 22 avril l'anniversaire d'une amie dans une discothèque. Quand elle accompagne une amie aux toilettes, un homme lui touche une fesse.
«En rentrant chez moi je me suis regardée dans le miroir et j'ai vu un gros hématome avec une piqûre avec un point rouge au centre sur la fesse droite», dit-elle à l'AFP. «Des amis m'ont dit qu'ils avaient remarqué un homme qui me regardait bien, comme s'il attendait quelque chose de moi».
Le parquet de Roanne a ouvert lundi une enquête pour «violence avec préméditation et administration d'une substance nuisible avec préméditation». Il a annoncé jeudi en avoir ouvert une deuxième après une plainte déposée mercredi par un homme d'une vingtaine d'années qui a indiqué avoir été piqué à une épaule dans le même établissement au cours du week-end.
Se faire dépister
Des cas de piqûres sur neuf festivaliers lors de concerts dans le cadre du Printemps de Bourges ont également été recensés et une enquête a été ouverte.
Dans la capitale française aussi, des plaintes ont été déposées pour des faits similaires. Six enquêtes ont été ouvertes depuis la semaine dernière du chef d'administration de substance nuisible.
Fred Bladou, chargé de mission pour l'association Aides, qui lutte contre le VIH, considère qu'il y a une sorte d'«emballement» autour de ces cas mais rappelle qu'en cas d'injection «il faut aller tout de suite se faire dépister aux urgences hospitalières».
Le président de la branche nuit du principal syndicat de l'hôtellerie restauration (Umih), Thierry Fontaine, dénonce quant à lui un «jeu malsain et pervers» de mystérieux agresseurs qui créent une «psychose» chez les jeunes. Il craint un impact sur les établissements qui ont déjà souffert de la pandémie.
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