Chaos et pénurie dans les stations-service françaises
Chaos et pénurie dans les stations-service françaises
(S.MN. avec AFP) Depuis une vingtaine de jours maintenant, une grève pour les salaires se poursuit dans plusieurs sites pétroliers du groupe TotalEnergies ainsi que sur les sites français des deux raffineries d'Esso-Exxon Mobil. Le syndicat de la CGT réclame notamment un «rattrapage salarial» à hauteur de 10% pour l'année 2022. 7% pour l'inflation, 3% pour le partage de la richesse, le géant de l'énergie ayant engrangé 10,6 milliards de dollars de bénéfice au premier semestre 2022.
Dès l'entame de ce mouvement social, la crainte d'une pénurie de carburants était réelle. Celle-ci s'est vérifiée dès mercredi dernier avec plus d'une station-service sur 10 privée de tout ou d'une partie de ses carburants, en particulier sous l'enseigne TotalEnergies, déjà victime du succès d'une remise à la pompe.
«Quelque 12% des stations en France connaissent des difficultés sur au moins un type de carburant à la pompe, avec des situations variables selon les régions, les Hauts-de-France étant la plus touchée avec environ 30% des stations», indiquait Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, à l'issue du conseil des ministres. Ce dernier ne souhaitait alors pas parler de pénurie, mais de «tensions» sur les chaînes d'approvisionnement.
Macron a appelé au calme
«Pas de panique», avait également déclaré le président Emmanuel Macron, appelant les automobilistes au «calme» et groupes pétroliers et syndicats à la «responsabilité». Un peu plus tôt, la Première ministre Elisabeth Borne avait lancé un appel similaire pour que les négociations salariales aboutissent.
La situation s'est davantage dégradée ces derniers jours, y compris durant le week-end où des visions apocalyptiques, rappelant les achats de panique à l'aube du premier confinement. Mercredi dernier, l'AFP a constaté que de nombreuses stations, de diverses enseignes, étaient vides mercredi dans le Nord et que plusieurs autres étaient prises d'assaut. Dans le centre de Lille, plusieurs stations TotalEnergies étaient fermées faute de carburant et dans une station Esso du centre-ville, une heure d'attente était nécessaire pour s'approvisionner. Sur l'autoroute A1, une file d'attente à une station-service débordait jusque sur l'autoroute.
C'est bien simple: à 15h, ce dimanche, 29,7% des stations-service en France manquaient d'au moins un carburant (contre 21% samedi), obligeant les automobilistes français à franchir la frontière pour se ravitailler. C'est ainsi que les pompes à essence belges situées près de la frontière avec la France ont enregistré une hausse de la demande de 15 à 20% ces derniers jours, en raison du mouvement de grève touchant plusieurs raffineries et dépôts de carburant français.
Cette situation n'entraîne toutefois pas de souci d'approvisionnement en Belgique, a précisé à l'agence de presse belge Belga Olivier Neirynck, directeur technique de la Brafco, la fédération des négociants en combustibles et carburants. «Des stocks ont été constitués. Tant que le conflit social se poursuit en France, on se tient prêts», a-t-il précisé.
Des négociations avancées
Finalement, ce dimanche, après un coup de pression du gouvernement, TotalEnergies a accepté de se mettre à la table des négociations et d'avancer les discussions qui étaient prévues en novembre. Celles-ci «permettront de définir comment les salariés pourront bénéficier, avant la fin de l'année, des résultats exceptionnels générés par TotalEnergies, tout en prenant aussi en compte l'inflation de l'année 2022», a assuré le groupé pétrolier, qui gère près du tiers des stations-service en France.
Les échanges entre la CGT et TotalEnergies ont donc débuté ce lundi matin. «Tant qu'on n'a pas pris de position définitive avec les grévistes, qu'on n'a pas échangé avec eux, le mouvement va se poursuivre», a indiqué à l'AFP Eric Sellini, coordinateur CGT pour le groupe TotalEnergies.
«On se réunit entre nous ce matin et ce midi, il y aura de vrais débats sur ce qu'on fait», a-t-il ajouté. «Est-ce qu'on continue en attendant d'avoir une date et des engagements fermes? Est-ce qu'on suspend le temps de la négociation? Toutes les options sont sur la table, ce sera aux grévistes de trancher», a-t-il conclu.
Du côté d'Esso-ExxonMobil, la grève a été reconduite tôt dans la matinée, en attendant d'en savoir plus sur la réunion prévue, a indiqué la CGT.
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