Changement de cap pour la vaccination belge
Changement de cap pour la vaccination belge
De notre correspondant, Max Helleff (Bruxelles) - La nouvelle a mis du baume au cœur de tous ceux qui veulent croire dans la stratégie de vaccination suivie par la Belgique. Selon les derniers chiffres, les décès attribués au coronavirus sont en baisse de 21%, une diminution surtout perceptible chez les plus de 85 ans.
Faut-il y voir les premiers effets de la vaccination? La Belgique a effet décidé de vacciner prioritairement les résidents des maisons de repos, avant de passer aux soignants, aux personnes atteintes de comorbidité, aux professions «critiques», puis à la population en général. Ces chiffres – qui doivent encore être recoupés – sont d’autant plus remarquables que le personnel des maisons de repos rechigne majoritairement à se faire vacciner et peut donc constituer un risque pour les aînés.
Une baisse, mais moins importante, est perceptible également dans les admissions à l’hôpital. Pour le biostatisticien Geert Molenberghs (universités de Louvain et d’Hasselt), «c’est un fait que la première dose du vaccin Pfizer est déjà efficace».
D’autres informations sont moins emballantes. A ce jour, seulement 300.000 personnes ont reçu la première dose du vaccin Pfizer. A l’unisson avec d’autres pays européens, le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke a décidé par ailleurs que le vaccin AstraZeneca ne sera temporairement plus administré aux plus de 55 ans.
«Le Conseil supérieur de la santé dit très clairement que le vaccin AstraZeneca est un très bon vaccin pour les personnes entre 18 et 55 ans », a-t-il déclaré. «Mais nous ne disposons pas aujourd’hui de suffisamment de données pour dire avec certitude que cela fonctionne aussi bien chez les personnes âgées.» Cette décision a des effets en cascade sur tout le programme de vaccination.
A défaut de faire entièrement confiance à AstraZeneca, la Belgique a passé de nouvelles commandes auprès de Moderna (3,8 millions de doses à partir de juin). Tous les regards sont par ailleurs tournés vers le vaccin russe Spoutnik V. Le pharmacologue Jean-Michel Dogné, expert auprès des agences belge et européenne du médicament, se dit impressionné face à «un savoir-faire remarquable».
Accord de principe
Mercredi, un accord a été signé entre le groupe pharmaceutique anglais GSK et la biotech allemande Curevac, qui a développé un vaccin contre les variants du virus basé sur la technologie de l’ARN messager. GSK Wavre (sud de Bruxelles) s’occupera de la formulation de cet ARN (mélange, dilution…) et de la mise en flacon. Cent millions de doses devraient sortir cette année de ses lignes de production.
Pour l’heure, il faut aussi désigner qui aura droit aux vaccins disponibles. Le personnel soignant sera vacciné en Flandre et en Wallonie à partir de la mi-février.
Un accord de principe vient d’être trouvé en ce qui concerne les comorbidités. Seront prioritaires pour la vaccination les personnes de 45 à 64 ans souffrant de maladies chroniques (cardiovasculaire, pulmonaire ou neurologique, hypertension, etc.). S’y ajoutent les patients présentant une tumeur cancéreuse hématologique, une maladie chronique du foie ou des reins, ou encore atteints du sida.
Selon certaines indiscrétions, les premiers arrivages du vaccin d'AstraZeneca attendus pour le 7 février – 80.000 puis quelque 200.000 doses dix jours plus tard – pourraient être réservés aux personnes exerçant des métiers essentiels (policiers, pompiers, etc. voire les enseignants). Quant au surplus, le socialiste Paul Magnette propose de l’attribuer aux étudiants. «Il ne servirait à rien de le garder en stock, autant l’utiliser», dit-il.
En parallèle, un peu plus de 6.000 doses de vaccins contre le covid-19 ont été gaspillées en Belgique selon des chiffres de la task force sur la vaccination, cités dans Het Laatste Nieuws mercredi. Soit 2% des doses livrées à ce jour. Selon le porte-parole de la task force, ces pertes pourraient être liées à des problèmes de transport ou d'erreurs humaines.
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