Ce mystérieux fournisseur de masques basé au Luxembourg
Ce mystérieux fournisseur de masques basé au Luxembourg
Installée au Grand-Duché depuis 2017. Fondée par Mohamed Yasin Al-Talhouni, un Jordanien vivant à Malte. Gérée par une personne à la tête d'une dizaine d'autres entités. Difficile d'en savoir plus sur la société luxembourgeoise Avrox. Elle vient pourtant de recevoir un beau contrat signé de la main même du ministre de la Défense et des Affaires étrangères belge, Philippe Goffin.
Avec une société de Gand, Tweeds & Cottons, elle a remporté l'appel d'offres européen passé par Bruxelles pour livrer 18 millions de masques en Belgique. Trois millions de pièces via la firme belge (qui produit les vêtements de la marque River Woods), et 15 millions via le mystérieux partenaire « grand-ducal». Le contrat de 40 millions d'euros a bien été signé le 5 mai. Et si tout va bien l'ensemble de la marchandises devra arriver dans le royaume voisin le 24 mai prochain.
Sauf que depuis quelques jours, des doutes commencent à pointer sur la réalité de ce marché. En effet, Michaël Freilich (député NV-A) trouve la société Avrox bien éloignée du marché proposé. Au mieux, on peut retrouver comme information qu'elle intervient dans le domaine du transport à la personne ou la location de véhicule. Pas vraiment une activité d'import-export dans le domaine des produits de santé.
Mêmes doutes du côté de la fédération belge de la mode, Creamoda qui, elle, s'indigne que l'Etat belge fasse ainsi affaires avec un partenaire étranger inconnu du secteur alors même que le secteur national de la couture était disposé à fournir des masques à l'ensemble de la population. Une façon certainement plus sûre, aux yeux de cette fédération, d'assurer la promesse faite par le gouvernement fédéral, le 24 avril dernier, de fournir à chaque citoyen au moins un masque en tissu réutilisable.
Le ministre de la Défense a dû justifier la procédure suivie. Appel d'offres européens, analyse des résultats en termes de coûts et de délais de livraison. Mais face à la crainte de ne pas voir les palettes de masques arriver, Philippe Goffin a même dû demander à des personnels diplomatiques d'aller vérifier si les producteurs mentionnés par Avrox sur le bon de commande réalisaient bien... des protections buccales. Ouf, les usines inscrites et localisées au Vietnam et à Hong Kong sortent bien des masques de leurs chaines de production.
Bien embarrassé, le ministre de la Défense a exigé de son partenaire luxembourgeois de lui fournir maintenant rapidement un échantillon de ce qui devrait débarquer sur les tarmacs belges. Modèle dont la conformité sera analysée par le service compétent. Et de rassurer les Belges sur un autre point : les marchandises ne seront payées qu'à la livraison. Le député NV-A, à l'origine de la protestation a toutefois réclamé que la transparence financière totale sur cette commande soit faite dans les meilleurs délais.
Un scandale de plus?
La Première ministre belge, Sophie Wilmès, se serait volontiers passée de cette controverse. Le pays conteste déjà vivement la façon dont la crise du covid-19 a été gérée par Bruxelles, et plusieurs problèmes ont déjà été révélés. Comme l'incinération prématurée, fin 2018, du stock national de masques. Près de 63 millions de pièces dont on a visiblement du mal à déterminer une cause valable de la destruction.
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