Cap maintenu pour le F-35 belge
Cap maintenu pour le F-35 belge
De notre correspondant, Max Helleff (Bruxelles) - En novembre dernier, des opposants au gouvernement De Croo avaient lancé un pavé dans la mare en remettant en question l’achat de 34 chasseurs-bombardiers F-35 par la Belgique. L’appareil développé par Lockheed-Martin, avait déclaré Georges Dallemagne, était mal né. L’avionneur américain l’avait carrément mis sur une voie de garage et développait désormais un avion de chasse de la sixième génération. Du moins, le député humaniste l’affirmait-il.
Ces déclarations n’ont pas convaincu grand monde. Et surtout pas la nouvelle ministre de la Défense, la socialiste Ludivine Dedonder, qui n’a aucune intention de remettre en question l’achat du F-35 – un marché lourd de 3,8 milliards d’euros.
«Ce dossier a été longuement débattu par le passé, a-t-elle déclaré au Soir. J’ai dit qu’a priori, je ne reviens pas sur cet accord car c’est déjà allé assez loin, voire trop loin. Pour faire marche arrière, le coût serait considérable même s’il n’est pas établi. Cette capacité, ces avions, il faut les avoir.»
Le fait est que le F-16 est dépassé, bien qu’il fasse toujours figure de fleuron de la force aérienne. Il a atteint la limite d’âge des quarante ans. Il souffre d’un retard technologique qui lui a valu plus d’une fois d’être tenu à l’écart d’exercices effectués dans le cadre atlantique. Pour toutes ces raisons, il fallait le remplacer : c’est le F-35 qui a finalement été choisi en 2018. Les experts estiment en outre que les Etats-Unis n’auraient jamais accepté qu’un appareil non américain transporte «la bombe» stockée sur la base limbourgeoise de Kleine-Brogel.
L'attente des industriels belges
Ludivine Dedonder n’a pas davantage l’intention de s’épancher sur l’opportunité ratée pour la Belgique de participer à travers l’acquisition de ses chasseurs-bombardiers à l’essor d’une défense européenne – le Rafale français, l’Eurofighter multinational et le Gripen suédois étaient en lice face au F-35. En revanche, elle plaide en faveur d’une meilleure collaboration entre Europe et Otan. «L’Europe de la défense, dit-elle, c’est important mais ce n’est certainement pas en opposition à l’Otan. On sait très bien qu’à l’avenir, les Etats-Unis vont plus se tourner vers la Chine, qu’ils auront moins de temps pour s’occuper de tout ce qui se passe autour de chez nous.»
Alors pourquoi cette poussée de fièvre soudaine autour du F-35 américain chez certains députés? A bien y regarder, on comprend que c’est du côté de son industrie que la Belgique est gênée aux entournures. Depuis deux ans, les industriels belges attendent les retombées promises par les Américains lors de l’achat du F-35. Ce marché énorme n’a pour l’instant produit qu’un seul accord. «Les autres devraient suivre et j’espère qu’il y aura des retombées. C’est important pour nos entreprises.», admet la ministre.
En octobre 2019, un premier compromis a été signé avec Lockheed-Martin afin de favoriser la recherche et l’innovation en Belgique dans le domaine des matériaux composites avancés pour l’industrie aéronautique.
700 millions d’euros pour l'industrie wallonne
Depuis, les industriels du plat pays scrutent le ciel. «La Belgique a-t-elle péché par naïveté ?», s’interrogeait ‘L’Echo’ en mars dernier. «Les retombées économiques liées à ce contrat de 3,8 milliards d’euros se font toujours attendre.»
Le quotidien économique relevait également la maigreur des montants attendus : 700 millions d’euros seulement de retombées pour l’industrie wallonne. Plutôt frugal lorsque l’on sait que plus de 12 milliards d’euros devraient être investis par le royaume durant les 40 années de vie estimées de l’appareil.
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