Bruxelles, une cible de choix pour Poutine
Bruxelles, une cible de choix pour Poutine
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Après l’Ukraine, Bruxelles pourrait être la prochaine cible de Poutine. Plusieurs experts rappellent que la capitale accueille les institutions européennes ainsi que le siège de l’Otan. Il s'agit d'un constat semblable à celui qui fut posé en 2015-2016, lorsque la vague des attentats terroristes frappait l’Europe.
Personne ne croit que les chars russes vont franchir le Rhin et la Meuse pour écraser Bruxelles – même si l'attitude imprévisible de Vladimir Poutine fait aujourd'hui tomber toutes les certitudes. Pour le professeur en cybersécurité Axel Legay (UCLouvain), c’est une cyberattaque qu’il faut craindre en priorité. Une cyberattaque semblable à celle qui, le 22 janvier dernier, a désorganisé l’appareil étatique ukrainien. « Cela s’est passé un mois avant l’attaque, a-t-il expliqué sur les ondes de la RTBF, mais certains disent que cela dure depuis huit ans ». Un tel front pourrait demain s’ouvrir face aux hauts-lieux décisionnels bruxellois.
Mais ce n’est pas tout. Une cyberattaque peut passer par des « fakenews», la mise à mort d’un site web pour rendre les services inopérants, le blocage d’une centrale nucléaire, du fonctionnement d’un barrage. Cela dépend de ce que l’on veut faire : soit on veut être passif, observer, soit on veut être actif et détruire », continue Axel Legay. « Les hackers sont à peu près partout, ils n’ont pas besoin de masser 160.000 hackers à la frontière pour attaquer l’Ukraine, on peut faire ça de partout. »
Des cyberattaques massives
Au cours des dernières années, la Belgique a subi plusieurs cyberattaques massives. En 2017, NotPetya, qui visait précisément un service gouvernemental ukrainien, s’était étendu à plusieurs entreprises belges et néerlandaises. En 2021, c’est le ministère de l’Intérieur qui a été frappé par une attaque d’une ampleur telle que seul un Etat étranger a pu la mener. On estime que pour la même année, 2 % des entreprises du pays ont été touchées, parfois jusqu’à quinze reprises.
La Belgique est souvent décrite comme étant à la traîne en matière de cybersécurité. Il existe bien le Centre pour la Cybersécurité Belgique, mais il est limité dans son action. En Wallonie, un «cyberwall» doit aider les industriels à se protéger. Dans le domaine militaire, le Service général du renseignement et de sécurité (SGRS) demande une extrême vigilance aux collaborateurs de la Défense et à leur famille : « Il est possible que des événements pouvant être liés à la situation en Ukraine surviennent également sur le territoire belge. Nous devons tous prêter une attention particulière aux signaux qui pourraient indiquer une cyberattaque ».
Une opposition forte
Ces risques sont pris d’autant plus au sérieux qu’au cours des derniers jours, les sanctions européennes se sont multipliées contre la Russie. Les déclarations d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, en faveur de l’adhésion de l’Ukraine à l’UE ne laissent plus aucun doute quant à la volonté de s’opposer frontalement à Vladimir Poutine.
Si l’hypothèse d’une cyberattaque est jugée aujourd’hui très crédible, elle n’enlève pas pour autant la menace nucléaire brandie par le président russe. Les sept réacteurs belges sont toujours actifs, au moins jusqu’en 2025, et constituent autant de cibles potentielles dont la destruction paralyserait en partie le pays. Une vingtaine d’armes nucléaires américaines seraient stockées par ailleurs depuis 1963 sur la base aérienne de Kleine Brogel (Limbourg), la Belgique passant outre le traité de non-prolifération auquel elle a adhéré.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
