Bruxelles ne veut pas d'un Brexit à n'importe quel prix
Bruxelles ne veut pas d'un Brexit à n'importe quel prix
(ASdN avec AFP) - Alors que les négociations patinent depuis de longs mois, Bruxelles entend bien tout faire pour trouver un accord avec Londres. «Nous sommes prêts à faire preuve de créativité», a ainsi assuré Ursula von der Leyen. Mais pas à n'importe quel prix. La présidente de la Commission européenne se dit en effet «pas prête à remettre en cause l'intégrité du marché unique», en particulier le respect de ses normes environnementales, sociales, fiscales ou sur les aides d'Etat.
Celle qui a succédé au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker a ainsi insisté sur la nécessité de mettre en place dans le futur accord des «recours» au cas où l'UE ou le Royaume-Uni s'écarteraient dans le temps des normes communes convenues. «La confiance est bonne, mais la loi est meilleure», a-t-elle assuré.
Le sujet sensible de la pêche
Bruxelles réclame un mécanisme qui permette de prendre des contre-mesures immédiates et unilatérales en cas de changement soudain des normes par l'une des deux parties, pour éviter toute concurrence déloyale, ce que le Royaume-Uni refuse. La présidente a rappelé que ces garanties en matière de concurrence équitable font partie des trois derniers points de blocage dans les négociations, avec l'accès des Européens aux eaux britanniques et la manière de régler les différends dans le futur accord.
Sur la pêche - un sujet explosif pour quelques Etats membres dont la France - «personne ne remet en cause la souveraineté du Royaume-Uni sur ses propres eaux, mais nous demandons de la prévisibilité et des garanties pour les pêcheurs qui y naviguent depuis des décennies, voire des siècles», a-t-elle dit. «Notre position sur la pêche n'a pas changé, nous ne pourrons progresser que si l'UE accepte la réalité selon laquelle nous devons être en mesure de contrôler l'accès à nos eaux», lui a répondu à distance le Premier ministre britannique Boris Johnson, lors d'une intervention devant son Parlement.
Sur le règlement des différends, Ursula von der Leyen réclame un système «solide» afin de «garantir que ce qui a été convenu est effectivement convenu», «surtout à la lumière de l'expérience récente». L'Allemande fait ici référence au projet de loi britannique qui revient en partie sur l'Accord de retrait, le traité qui encadre le départ britannique le 31 janvier dernier. Ce revirement - en particulier sur des dispositions destinées à préserver la paix sur l'île d'Irlande - a sérieusement entamé la confiance de Bruxelles, qui réclame le retrait des articles controversés.
J-40
Le vice-président de la Commission, Maros Sefcovic, chargé de régler la question dans le cadre d'un comité mixte qu'il copréside avec le Britannique Michael Gove, a dit espérer une réunion de ce comité «dans les prochains jours». «Les négociations sont difficiles mais j'apprécie l'atmosphère constructive», a-t-il déclaré. «Ce sont des jours décisifs pour les négociations avec le Royaume-Uni. Mais franchement, je ne peux pas vous dire aujourd'hui s'il y aura finalement un accord», a souligné von der Leyen.
Il reste moins de 40 jours avant le 31 décembre, date à laquelle s'achèvera la période de transition post-Brexit et à laquelle le Royaume-Uni cessera d'appliquer les normes européennes. Sans traité commercial pour régir leur relation, Londres et Bruxelles courent le risque d'un nouveau choc économique, qui viendrait s'ajouter à celui provoqué par l'épidémie de nouveau coronavirus. Ultime contrainte: les négociateurs doivent théoriquement laisser suffisamment de temps à leurs parlements pour qu'ils puissent ratifier un accord avant le 1er janvier.
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