Bruxelles face au trafic d’armes et de drogue
Bruxelles face au trafic d’armes et de drogue
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - «La recrudescence des fusillades à Bruxelles est évidente», ont conclu en juin dernier les autorités judiciaires lorsqu'une énième fusillade a éclaté dans la capitale. Les statistiques criminelles recensent 22 faits du genre sur son territoire durant le premier semestre de cette année. Ils ont fait un mort et seize blessés.
Le parquet explique que les devoirs d'enquête qui suivent logiquement ces échanges de tirs sont malaisés en raison de la difficulté qu'il y a à recueillir des témoignages dans les milieux concernés par le trafic de drogue. Dès lors, les policiers ne doivent bien souvent compter que sur des éléments scientifiques. Un expert en balistique est systématiquement requis. Les douilles et les armes à feu découvertes font systématiquement l'objet d'analyses par l'institut national de criminalistique et de criminologie (INCC).
3.600 expertises en 15 ans
Mais il y a un hic: les moyens manquent pour assurer la traçabilité des armes ainsi que l'analyse balistique des enquêtes. Le constat ne date pas d'hier, mais il semble empirer. Bien que la lutte contre le trafic de drogue ait été érigée au rang de priorité dans le plan national de sécurité, les moyens humains et matériels restent insuffisants, voire sont en diminution.
L'institut national de criminalistique et de criminologie ne compte pour l'heure que deux experts balistiques. 3.600 expertises de ce type ont pourtant été effectuées en quinze ans. Des erreurs d'étiquetage ont fatalement été constatées. Des pièces importantes ont disparu. On se souvient encore qu'en 2016, un malfrat s'était introduit dans les locaux de l’INCC pour dérober des pièces susceptibles de tenir lieu de preuves à charge devant le juge.
Tous les regards se sont tournés vers Molenbeek lorsque, le 20 juin dernier, une fusillade y a éclaté. Le lien entre la drogue et le terrorisme s'est noué dans bien des têtes. Pourtant, selon Le Soir, une autre commune bruxelloise, Anderlecht, la précède dans les statistiques. Suivent Bruxelles-ville et Ixelles. Le cannabis et la cocaïne sont souvent à l'origine de rixes particulièrement violentes entre dealers et organisations criminelles.
Depuis 2015, le trafic d'armes a triplé
Ces fusillades ne pourraient exister si un trafic d'armes aussi important que discret ne permettait aux revendeurs généralement très jeunes de jouer les caïds. Même en diminution en raison du covid, plusieurs centaines de cas de détention d'armes illégales sont enregistrés chaque année.
Selon le registre central des armes (RCA), quelque 80.000 armes passent sous le radar en Belgique faute d'avoir été enregistrées en temps en heure. Surtout, depuis 2015, le trafic d'armes a plus que triplé si l'on se réfère aux dossiers ouverts par la police. Il pourrait connaître une accélération supplémentaire avec l'arrivée d'armements utilisés aujourd'hui dans le conflit russo-ukrainien, lesquels échoueraient dans des mains peu recommandables une fois les combats terminés. Un phénomène semblable avait été constaté au terme des guerres d'ex-Yougoslavie, à partir des années 90.
Bruxelles ne porte pas seule ce fardeau. Anvers, Liège et Charleroi sont également la proie de ces trafics. Avec à la clé, une guerre entre gangs et mafias qui débouche parfois sur une violence inouïe.
Au cours des dernières années, Anvers a été le théâtre de multiples coups de feu et d'attaques à la grenade. Le signe de l'emprise grandissante des mafias de la cocaïne sur la ville portuaire de Bart De Wever, le bourgmestre des lieux et président de la N-VA nationaliste flamande.
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