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Boris Johnson capitule
International 4 min. 05.09.2019 Cet article est archivé

Boris Johnson capitule

Le Premier ministre britannique cumule les défaites devant son Parlement.

Boris Johnson capitule

Le Premier ministre britannique cumule les défaites devant son Parlement.
Photo: AFP
International 4 min. 05.09.2019 Cet article est archivé

Boris Johnson capitule

Après avoir perdu sa majorité à la Chambre des Communes et échoué à convoquer des élections anticipées mercredi, le Premier ministre britannique a accepté jeudi matin de ne pas faire d'obstruction au texte législatif demandant un nouveau report du Brexit.

(AFP) - Le gouvernement Johnson s'est «engagé» à laisser ce texte «suivre toutes les étapes en cours» à la Chambre des Lords (chambre haute du Parlement) jeudi et vendredi, «le texte retournant ensuite lundi à la Chambre des Communes pour d'éventuelles autres considérations», a tweeté le groupe parlementaire du Parti travailliste, principale formation d'opposition.

L'opposition à un Brexit sans accord redoutait jusqu'alors qu'à la Chambre des Lords, les alliés de Boris Johnson tentent de ralentir l'avancée du texte, en faisant traîner les débats. Or, le temps pressait depuis la décision surprise du Premier ministre de suspendre le Parlement jusqu'à la mi-octobre, soit deux semaines seulement avant la date du Brexit, laissant peu de marge aux anti-«no deal» pour légiférer afin d'empêcher un tel scénario.

La motion gouvernementale n'a obtenu que 298 voix, soit moins que la majorité des deux tiers de la Chambre des communes nécessaire pour être adoptée.
La motion gouvernementale n'a obtenu que 298 voix, soit moins que la majorité des deux tiers de la Chambre des communes nécessaire pour être adoptée.
Photo: AFP

Toute demande de report devra encore être approuvée à l'unanimité des 27 autres Etats membres de l'Union européenne. Déterminé à faire sortir le Royaume-Uni de l'UE à la date prévue du 31 octobre, accord ou non avec l'Union européenne, mais voyant sa stratégie dérailler, Boris Johnson avait présenté mercredi soir une motion appelant à des élections législatives anticipées le 15 octobre.

Il espérait ainsi obtenir une nouvelle majorité, plus solide, et avoir les coudées franches avant le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement européens programmé les 17 et 18 octobre à Bruxelles.

Troisième défaite en 24 heures

Las! La motion gouvernementale n'a obtenu que 298 voix, soit moins que la majorité des deux tiers de la Chambre des communes nécessaire pour être adoptée, les élus de l'opposition travailliste s'étant abstenus. Un troisième revers cinglant en 24 heures pour un Boris Johnson furieux.


A video grab from footage broadcast by the UK Parliament's Parliamentary Recording Unit (PRU) shows Britain's Prime Minister Boris Johnson reacting as the opposition Labour Party leader Jeremy Corbyn speaks during Prime Ministers Questions (PMQs) session in the House of Commons in London on September 4, 2019. - Prime Minister Boris Johnson headed into a fresh Brexit showdown in parliament on Wednesday after being dealt a stinging defeat over his promise to get Britain out of the EU at any cost next month. (Photo by - / PRU / AFP) / RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT " AFP PHOTO / PRU " - NO USE FOR ENTERTAINMENT, SATIRICAL, MARKETING OR ADVERTISING CAMPAIGNS - EDITORS NOTE THE IMAGE HAS BEEN DIGITALLY ALTERED AT SOURCE TO OBSCURE VISIBLE DOCUMENTS
Johnson engage une nouvelle bataille avec le Parlement
Lors d'échanges acrimonieux à la Chambre des communes, le Premier ministre britannique a mis au défi le leader de l'opposition, Jeremy Corbyn, de soutenir la tenue d'élections le 15 octobre.

Jeremy Corbyn, le dirigeant du Labour, «entrera dans l'histoire démocratique de notre pays comme le premier chef de l'opposition à refuser de participer à une élection», a ironisé Boris Johnson lors de vifs échanges à la chambre basse.

Tout en se disant prête à affronter le verdict des urnes, l'opposition travailliste veut d'abord s'assurer que la proposition de loi anti-«no deal» sera adoptée, et donc le risque d'un divorce brutal avec l'UE écarté. Le Labour pourrait toutefois déclencher ultérieurement une motion de censure pour renverser le gouvernement Johnson.

«Pas de démission»

«La stratégie évidente pour l'opposition est de laisser le gouvernement mijoter», a estimé mercredi devant des médias John Curtice, professeur de sciences politiques à l'Université de Strathclyde. En plus de s'être attiré les foudres de ses ennemis traditionnels, Boris Johnson a été désavoué par 21 députés conservateurs modérés - dont des poids lourds du parti - qui ont voté avec l'opposition mardi pour contrecarrer sa stratégie sur le Brexit.


(FILES) This file photo taken on June 22, 2016 shows A Union flag flies in the wind in front of the Big Ben clock face and the Elizabeth Tower at the Houses of Parliament in central London.
Britain's referendum vote to leave the European Union has pitted parents against children, cities against rural areas, north against south and university graduates against those with fewer qualifications. "What the government is now faced with is not only the economic consequences of a break with the EU, but a fracturing of the United Kingdom," said Rodney Barker, emeritus professor of government at the London School of Economics. / AFP PHOTO / JUSTIN TALLIS
Brexit: les Britanniques votent la sortie de l'UE
Le référendum organisé le jeudi 22 juin a signé la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne.

Le chef du gouvernement les a tous exclus du parti et n'a désormais plus de majorité à la Chambre des communes. M. Johnson qui ne «compte pas démissionner» selon un porte-parole de Downing Street, a sans surprise reçu le soutien de son allié le président américain Donald Trump.

Action en justice

«Il sait comment gagner. Ne vous inquiétez pas, ça va aller», a déclaré mercredi soir M. Trump depuis le bureau ovale. Il reste que «BoJo» est en mauvaise posture, attaqué sur le terrain politique comme judiciaire.

Une audience contre la suspension du Parlement est prévue jeudi à la Haute Cour de justice à Londres. L'ex-Premier ministre conservateur John Major, opposant au retrait de l'UE, s'est joint à cette action en justice intentée par la militante anti-Brexit Gina Miller. Mme Miller avait déjà gagné en 2017 une bataille judiciaire pour forcer le gouvernement, alors dirigé par Theresa May, à consulter le Parlement sur le processus de retrait.

Premier ministre affaibli

Mercredi, une autre action en justice contre cette suspension, intentée par 75 parlementaires pro-européens, a été rejetée par la plus haute instance civile d'Ecosse. Boris Johnson se dit toujours confiant d'obtenir un accord avec l'UE d'ici fin octobre bien que la Commission européenne juge que le risque de sortie sans accord s'est accru.


An European flag flies in front of the European Commission in Brussels on September 2, 2019. (Photo by Kenzo TRIBOUILLARD / AFP)
L'UE se prépare au risque accru d'un «no deal»
Bruxelles a lancé mercredi un dernier appel aux Européens pour qu'ils se préparent à un Brexit sans accord et à ses lourdes conséquences.

C'est un Premier ministre affaibli qui recevra jeudi à Londres son homologue israélien Benjamin Netanyahu, à quelques jours d'élections en Israël, et le vice-président américain Mike Pence.

Le chef du gouvernement sera ensuite sur le terrain mercredi après-midi, dans le Yorkshire (nord de l'Angleterre) pour lancer une campagne nationale visant au recrutement de 20.000 policiers supplémentaires.


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Britain's Prime Minister Boris Johnson gives a speech during a visit with the police in West Yorkshire, northern England, on September 5, 2019. - UK Prime Minister Boris Johnson called Thursday for an early election after a flurry of parliamentary votes tore up his hardline Brexit strategy and left him without a majority. Johnson was on a campaign footing on September 5 as he launched a national effort to recruit 20,000 police officers in Yorkshire in northern England. (Photo by Danny Lawson / POOL / AFP)
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