Bart De Wever relance le jeu politique belge
Bart De Wever relance le jeu politique belge
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Il n’a jamais vraiment déposé les armes. Depuis le début de la crise sanitaire, Bart De Wever est aux aguets. Le patron des nationalistes flamands (N-VA) n’a aucune intention de laisser éternellement la main au gouvernement de la libérale francophone Sophie Wilmès, en affaires courantes et très minoritaire à la Chambre (38 sièges sur 150).
C’est paradoxalement vers son ennemi de toujours, le parti socialiste francophone de Paul Magnette, que Bart De Wever se tourne à nouveau pour trouver l’issue. Il maintient son offre de former un gouvernement de plein droit avec le PS lorsque les pouvoirs spéciaux conférés à l’équipe Wilmès pour la gestion de la crise liée au coronavirus seront arrivés à péremption. Sinon en juin, du moins en septembre.
Du reste, la position de Bart De Wever n’a guère varié. Le bourgmestre d’Anvers propose toujours de transformer la Belgique fédérale en un Etat confédéral, qui donnerait plus d’autonomie à ses régions. Mais il conçoit, dit-il, qu’il n’obtiendra pas la majorité des deux tiers nécessaire à la Chambre.
Dans un entretien donné au Soir, le chroniqueur et spécialiste de la Flandre Ivan De Vadder, explique que pour «les Flamands, (la N-VA) c’est le parti qui, comme le parti chrétien-démocrate il y a 50 ans – le CVP à l’époque –, peut et doit gérer le pays». Il n’est donc pas question d’enterrer trop vite la N-VA au motif qu’elle a perdu des plumes lors des élections législatives du 26 mai 2019 – soit il y a presque un an. Les Flamands «veulent manifestement que ce parti se hisse au gouvernement fédéral, qu’il prenne ses "responsabilités"».
Le penchant Belang
Mais voilà, le PS francophone n’en veut pas. En tout cas pas pour l’instant. Et le risque existe qu’à force d’être mise dans le coin du ring, la N-VA ne se tourne davantage vers l’extrême droite du Vlaams Belang. Notamment à l’occasion d’un changement de gouvernement régional à la tête de la Flandre, lequel n’est pas à l’ordre du jour. «Il y a une tendance à la N-VA, chez certains au sein du parti, favorable à un rapprochement avec le Belang, afin de se positionner à nouveau prioritairement sur l’identité, la sécurité, etc.», nuance Ivan De Vadder. «Mais, c’est une "tendance". C’est ce que "certains" voudraient, pas davantage à ce stade.»
Si la N-VA se considère comme un parti de pouvoir, elle n’en a pas moins accumulé les erreurs de gouvernail. Alors qu’elle tenait la dragée haute à l’ex-Premier ministre Charles Michel, elle a préféré quitter le navire gouvernemental tout en dénonçant le fait que la Belgique se soit rangée du côté du Pacte de Marrakech sur la migration. C’était en décembre 2018. Depuis, Bart De Wever n’a eu de cesse de manœuvrer pour remettre son parti au centre du jeu, ce qu’il n’est toujours pas parvenu à réaliser.
La séparation de la Belgique ne serait plus à l’ordre du jour. De l’eau a coulé sous les ponts, une génération en a remplacé une autre. «S’il ressort que "l’identité" est bel et bien importante pour les Flamands. C’est une constante. Pour autant, n’en tirons pas de conclusion en termes de philosophie politique », tranche Ivan De Vadder, par ailleurs coauteur d’une enquête intitulée L’ADN de la Flandre. Ce que veulent vraiment les Flamands.
En revanche, l’absence de la N-VA dans le futur gouvernement fédéral ne serait pas comprise au nord du pays. « Donc, oui, la question de la cohabitation avec le PS est très importante, elle dominera dans les semaines à venir», conclut le chroniqueur.
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