Avec Maingain, le retour d’un francophonissime
Avec Maingain, le retour d’un francophonissime
De notre correspondant MAX HELLEFF (Bruxelles) - On ne voyait plus guère le Bruxellois Olivier Maingain dans les médias belges depuis qu’il avait cédé la présidence de Défi (ex-FDF) à son successeur François De Smet. L’homme vient pourtant de réapparaître pour exprimer les positions de son parti à l’entame du débat qui s’échauffe en coulisses : la septième réforme de l’Etat.
Pour résumer, il y a un an encore, personne ne voulait d’un nouveau chamboulement institutionnel sinon le nationaliste flamand Bart De Wever (N-VA). Sous couvert d’amener le pays dans l’ère du confédéralisme, il souhaite donner davantage d’autonomie à sa région. Bart De Wever annonce régulièrement la couleur : en 2024, il négociera l’avenir du pays avec le PS francophone de Paul Magnette… qui ne dit plus non. Au passage, le débat s’est enrichi de la volonté chez certains de créer une quatrième Région, germanophone celle-là.
Un tel dossier est fatalement taillé à la mesure du francophonissime Olivier Maingain qui fut pendant plus de vingt ans président du FDF (Front démocratique des francophones), véritable bête noire de la Flandre. L’homme a consacré sa vie à lutter contre les tentatives de mainmise sur la capitale venues du nord, en alliant fermeté, verve et intelligence.
Avec un tel curriculum vitae, Maingain s’est logiquement retrouvé chargé d’élaborer et de défendre publiquement les positions de son parti. La capitale peut compter sur lui. Elle devra en effet jouer serré pour conserver son autonomie par rapport à la Wallonie et à la Flandre lors des rounds de négociation qui finiront par s’organiser autour d’une nouvelle réforme de l’Etat.
Dans ce contexte, Olivier Maingain prône sans surprise l'unité des francophones à travers le maintien en vie de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le niveau de pouvoir qui organise l’enseignement, la culture et le sport francophones. Mais celle que l’on appelait autrefois la Communauté française de Belgique est assise au bord d’un gouffre budgétaire.
Pour la sauver, l’ex-patron du FDF voudrait confier son coûteux patrimoine immobilier (les bâtiments scolaires et les institutions d'aide à la jeunesse) aux Régions. Il élaguerait par ailleurs les institutions bruxelloises sans remettre en cause la protection de la minorité flamande, dit-il. Ce qui a priori aurait le mérite de la clarté et réduirait les dépenses. Le sénat fédéral retrouverait un peu de superbe : son rôle serait renforcé, un tiers des sénateurs étant composé d’élus directs francophones et néerlandophones.
La Flandre et la Wallonie doivent être maîtres de toutes les compétences
Jan Jambon, ministre-président flamand (N-VA)
Tout cela peut paraître bien loin des Belges, tout à leurs vacances. Le mikado institutionnel que s’est donné le pays tout au long du parcours qui en a fait un Etat fédéral leur apparaît généralement incompréhensible.
C’est sans compter avec les pressions qui s’exercent en ce moment pour aller vers une nouvelle réforme de l’Etat. Récemment, le ministre-président flamand Jan Jambon (N-VA) a pris à témoin la crise du coronavirus pour déclarer de nouveau que la structure de l'État belge «ne fonctionne plus». «La Flandre et la Wallonie doivent être maîtres de toutes les compétences», a-t-il martelé. Dans cette optique, la Bruxelles francophone n’a qu’à bien se tenir.
Officiellement, la Wallonie est un soutien indéfectible de l’autonomie bruxelloise. Mais ses caisses sont vides, sa relance économique patauge et le chantier qui s’ouvre pour reconstruire les villes détruites par les inondations de la mi-juillet s’annonce pharaonique. Des sous pour la Wallonie contre plus d’autonomie pour la Flandre : la recette a déjà été utilisée par le passé et le sera encore.
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