Au chevet de la société
Au chevet de la société
De notre correspondant Max Helleff (Bruxelles) - Un nombre d’hospitalisations encore trop important, un manque de matériel de protection médical, la difficulté de contrôler le virus dans les maisons de repos… ces réalités ont conduit mercredi les responsables politiques belges à postposer le déconfinement au-delà du 3 mai. Ce n’est alors que la réouverture des écoles de l’enseignement obligatoire pourra être envisagée, notamment.
Un nouveau Conseil national de sécurité est programmé le 24 avril. Sur base de conseils d’experts et de scientifiques, il devrait ébaucher les premières étapes de la sortie de confinement. «On pourra faire mais aussi défaire», a scandé la Première ministre Sophie Wilmès, comme pour mieux souligner le caractère empirique du retour à la vie normale. Au premier signe de nouvelle flambée du virus, le pays pourrait à nouveau se claquemurer. «Wilmès se donne dix jours pour parler déconfinement», écrit L’Echo.
Cette période est propice pour tous ceux qui entendent tirer parti de la reconstruction qui s’annonce. Mercredi, Le Soir estimait que les grands cabinets de consultance (PwC, BCG, Deloitte ou McKinsey) «ont vite compris qu’il y avait quelques opportunités à saisir autour du coronavirus». «Ils sont déjà présents à tous les étages»…
Une note de McKinsey datant du 8 avril et consacrée au déconfinement a fuité. Le consultant y explique entre autres que dans les entreprises où le télétravail est possible, «seul un travailleur sur deux (ou sur trois) peut se rendre au bureau, avec des heures de table décalées». Philippe De Backer, le ministre en charge de l’approvisionnement en matériel médical, travaille pour sa part «avec quelques consultants qui jouent tous un rôle essentiel dans ses task forces». «S’ils étaient omniprésents dans le monde d’avant, conclut Le Soir, ces consultants semblent avoir déjà réussi à conserver une place de choix dans celui d’après.»
A côté de ces servants de l’économie traditionnelle, on trouve une série d’acteurs résolument «alter». Des écologistes, le mouvement Extinction Rebellion, le réseau Mycelium et autres adeptes de la transition… Tous ont des idées pour le «monde d’après» et pensent dur comme fer qu’une opportunité sans égale est donnée par la crise sanitaire du coronavirus. Reprise en main citoyenne de la société, économie circulaire, éducation libérée de la performance…: les idées ne sont pas nécessairement neuves, mais elles foisonnent.
Un groupe d’intellectuels soudés autour de personnalités académiques bien connues en raison de leur implication dans le combat environnementaliste et climatique (Etienne De Callataÿ, Jean-Pascal van Ypersele, François Gemenne, Olivier de Schutter, etc) souhaiterait pour sa part que le gouvernement nomme un «Resilience management group» auquel ils participeraient. Ils parient sur «une hypothèse croissance zéro pour démarrer le monde de demain et transformer la société».
Mais, écrit Le Soir, «l’initiative la plus cadrée appartient au regroupement des grandes fédérations et ONG environnementales francophones et flamandes». Celles-ci estiment que la relance doit viser une économie résiliente, équitable et durable, en accord avec la neutralité carbone, la circularité et la préservation de la biodiversité». Elles demandent «qu’une délégation des mouvements environnementaux soit impliquée dans l’élaboration de la politique de relance». Toutefois, pour l’instant, leurs propositions ont fait chou blanc.
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