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Anvers refuse d’être seule face à la drogue
International 3 min. 23.08.2022 Cet article est archivé
Grand banditisme

Anvers refuse d’être seule face à la drogue

Selon la ministre Annelies Verlinden, la police fédérale fait parfaitement le job et il n’est pas question de propulser la criminalité anversoise au rang d’affaire nationale.
Grand banditisme

Anvers refuse d’être seule face à la drogue

Selon la ministre Annelies Verlinden, la police fédérale fait parfaitement le job et il n’est pas question de propulser la criminalité anversoise au rang d’affaire nationale.
Photo: Shutterstock
International 3 min. 23.08.2022 Cet article est archivé
Grand banditisme

Anvers refuse d’être seule face à la drogue

Max HELLEFF
Max HELLEFF
Son bourgmestre Bart De Wever voudrait en faire une question nationale, ce que rejette le gouvernement De Croo.

De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles).

La semaine dernière a été particulièrement mouvementée à Anvers. Un homme est mort d’un coup de poignard sur la De Coninckplein. Un autre a été grièvement blessé à son domicile lors d’une tentative de meurtre ratée. Une fusillade a éclaté sur la place Reine Astrid. Une habitation a été visée par des tirs, pour la deuxième fois en deux mois...


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Depuis plusieurs années, Anvers défraye la chronique en raison de violences liées aux trafics de drogue. Des intérêts énormes y sont en jeu pour les mafias qui ont fait du port la principale porte d’entrée de la cocaïne en Europe.

La multiplication de ces actes conduit le bourgmestre de la ville, le président de la N-VA nationaliste flamande Bart De Wever, à prendre à partie le Premier ministre Alexander De Croo. Il l’appelle à «mobiliser le Conseil national de sécurité pour trouver une solution». «Une approche globale autour de la criminalité organisée est nécessaire», dit-il.

La N-VA refuse d'être impuissante sur son fief

Lorsque la N-VA faisait partie du gouvernement Michel, de 2014 à 2018, elle avait fait du retour à l’ordre l’un de ses slogans. Jan Jambon, alors ministre de l’Intérieur, avait déclaré au lendemain des attentats de Bruxelles vouloir nettoyer Molenbeek. Aujourd’hui, le même parti refuse d’être taxé d’impuissance en son principal fief. «Nous avons fait diminuer la criminalité liée à la drogue de plusieurs dizaines de pour cent, assure ainsi Bart de Wever. Nous sommes la métropole la plus sûre de Belgique.»

La ministre fédérale de l'Intérieur, la chrétienne-démocrate flamande Annelies Verlinden, n’entend toutefois pas se laisser mener par le bout du nez. A l’entendre, la police fédérale fait parfaitement le job et il n’est pas question de propulser la criminalité anversoise au rang d’affaire nationale, comme le voudrait Bart De Wever avec le souci manifeste de diluer ses responsabilités. La solution passe par davantage de collaboration entre les différentes polices, plaide-t-elle. Le plan de lutte contre le trafic de drogue (Stroomplan) a été renforcé. De nouveaux moyens financiers et humains sont attendus.

La ministre fédérale Annelies Verlinden ne cède rien

Pour appuyer ses dires, la ministre Verlinden déploie son tableau de chasse. «Nous avons vraiment réussi à atteindre le sommet de ces organisations criminelles. Ces derniers mois, plus d'un millier de personnes ont été arrêtées». Si les violences augmentent paradoxalement, c’est parce que «des cargaisons disparaissent, que les rapports hiérarchiques dans ces organisations changent et que leurs membres paniquent».

A aucun moment, la ministre de l’Intérieur ne se montre prête à céder à la N-VA un argument qui lui permettrait de cogner sur le gouvernement De Croo depuis les rangs de l’opposition.

Cette passe d’armes fait le bonheur du Vlaams Belang (extrême droite), parti que certains observateurs donnent déjà vainqueurs des législatives de 2024 au nord du pays. Filip Dewinter, député au parlement flamand et conseiller communal Vlaams Belang à Anvers, estime qu'il est «temps d'utiliser d'autres moyens plus efficaces que ceux actuels». Il accuse le gouvernement De Croo de ne pouvoir garantir la liberté des citoyens et demande que l'armée soit déployée dans la ville portuaire pour y mener des patrouilles. Il exige la tolérance zéro pour la drogue. Il voudrait interdire les rassemblements dans certains endroits de la métropole…

Le Vlaams Belang n’est jamais aussi dangereux que lorsqu’il tire parti des divisions de ses adversaires.  C’est probablement pourquoi ceux-ci se gardent pour l’instant de monter le ton…

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