Alexander De Croo ne désarme pas face à la bronca
Alexander De Croo ne désarme pas face à la bronca
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Côté face, il y a la réouverture des terrasses des restaurants et des cafés maintenue au 8 mai, avec la possibilité d’accueillir le public de 8 à 22 heures, quatre personnes maximum étant autorisées à la même table. Des mesures, notamment fiscales, ont par ailleurs été adoptées ces derniers jours pour aider le secteur Horeca à tenir bon.
Côté pile, il ne pouvait être question pour le Premier ministre Alexander De Croo de satisfaire les restaurateurs et les cafetiers qui exigent de rouvrir dès le 1er mai en encourageant la désobéissance civile. En fin de compte, le Comité de concertation qui s’est réuni ce vendredi a pris essentiellement des décisions techniques.
Les principales mesures d’application pour les semaines à venir avaient déjà été fixées le 14 avril, et certaines modalités devaient encore être arrêtées. Voilà qui est fait. Mais attention : elles restent conditionnées à une amélioration de la situation sanitaire.
Au moins 80% des personnes vulnérables devront avoir été vaccinées pour le 8 mai, a précisé le Premier ministre, et une baisse des occupations de lits covid en soins intensifs devra avoir été constatée pendant plusieurs jours – la limite ne devrait pas excéder 500 lits. Bien que les indicateurs de la pandémie soient légèrement à la baisse, les unités de soins intensifs demeurent en effet proches de la saturation avec plus de 900 patients infectés par le coronavirus.
Le secteur culturel déçu, mais rebelle
En ce qui concerne la culture, les représentations, spectacles et événements seront autorisés – toujours à partir du 8 mai - avec 50 personnes maximum à l’extérieur. Si la situation s’améliore en juin, 200 personnes seront admises en plein air. A l’intérieur, il sera possible d’occuper 75 % des sièges, tout cela bien sûr avec port du masque et distanciation sociale obligatoires. Enfin, dès la semaine prochaine, des événements culturels tests seront organisés à l’intérieur pour apprendre comment y contrôler le virus.
Inutile de préciser que le secteur culturel attendait beaucoup mieux. Ces derniers jours, il a rejoint l’Horeca dans son opposition rebelle aux mesures sanitaires. Il demande l’autorisation d’organiser des spectacles de cent personnes dès le 8 mai. Selon le mouvement « Still standing for culture », 80 organisations et cercles seraient prêts à contourner les règles de confinement. Entre le 30 avril et le 8 mai, annonce-t-il, « il y aura chaque jour en Belgique des projections, spectacles, concerts, débats, performances, répétitions publiques ». Avec un pic annoncé le 1er mai, jour de la Fête du travail.
A Bruxelles, le théâtre Varia, la Monnaie ou encore le Théâtre national ont annoncé tour à tour qu’ils braveraient les consignes. Sur la chaîne publique RTBF, Fabrice Murgia, le directeur du Théâtre national, a expliqué qu’il fixerait la jauge des spectateurs en fonction du nombre de personnes toujours hospitalisées aux soins intensifs. Il a demandé que des protocoles soient mis en place par les autorités et que des tests soient enfin menés pour permettre d’accueillir le public en toute sécurité.
Le secteur culturel s’est également donné un ordre de marche, idéal et graduel. Le 8 mai, reprise des événements en intérieur jusqu’à cent personnes, et 200 personnes à l’extérieur. Puis, à l’entendre, ce nombre devrait augmenter pour atteindre cet été jusqu’à 5.000 personnes dans le cadre des festivals en plein air… Perspective optimiste puisque, rappelons-le, seules 50 personnes seront admises pour les spectacles en extérieur à partir du 8 mai.
Dès avant la tenue de ce Comité de concertation - qui réunit le fédéral, les Régions et les Communautés - Alexander De Croo avait fait comprendre qu’il ne reculerait pas devant la bronca qui s’est étendue de l’Horeca à la Culture. A la Chambre, jeudi, il avait affirmé « qu’il ne faut pas s’attendre à de nouveaux assouplissements. »
Les décisions prises ce vendredi cachent mal les fractures qui divisent le monde politique. Si Alexander De Croo et le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke maintiennent le cap, c’est au prix d’un bras de fer avec certains partis gouvernementaux. Les trois ministres de la Culture que comporte le pays ont ainsi soutenu les revendications du secteur dont ils ont la charge. L’écologiste Bénédicte Linard, dont le parti est une composante de la coalition Vivaldi qui gouverne au fédéral, est de ceux-là.
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