Alexander De Croo en VRP à la Cop
Alexander De Croo en VRP à la Cop
De notre correspondant Max Helleff (Bruxelles)
D'année en année, les mêmes questions reviennent. Et l'on sent comme une lassitude dans ce titre du journal Le Soir : «Ça sert à quoi la cop?» Les médias y vont de leurs analyses et de leurs bilans, tout en concluant que si les Cop ne révolutionnent pas le rapport de l'homme à la planète, il n’y a pas d'autre choix que d'y être.
La Belgique a constitué une délégation forte de 125 membres - le Luxembourg en compte une quinzaine - dont les représentants comptent bien se faire entendre parmi les 30.000 personnes présentes à Charm el-Cheikh. Parmi eux, des envoyés du port d'Anvers, de l'opérateur gazier Fluxys et de l'entreprise de dragage Deme, tous investis dans le domaine de l'hydrogène «vert».
Mardi, à la tribune de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique, le Premier ministre Alexander De Croo a évoqué «un combat pour notre survie physique», «pour la cohésion». «Nous devons être plus ambitieux, mais nous devons aussi prendre soin des gens (…) Les gens doivent savoir que les technologies climatiques d'aujourd’hui sont plus prometteuses que jamais», a lancé le libéral flamand. Il a plaidé également pour un rapprochement Nord-Sud et s'est adressé aux jeunes : «Faites partie de la solution, allez étudier les sciences et par-dessus tout, construisez des coalitions, des partenariats. Dialoguez avec des personnes aux idées différentes, c'est là que le véritable changement se produit».
Le nucléaire fait de la résistance
Question: la Belgique a-t-elle pour autant les moyens de ses ambitions? Le royaume a progressé depuis la Cop de Paris, lorsqu'en 2015 les régions et le fédéral s'étaient présentés en ordre dispersé, laissant au libéral Charles Michel alors Premier ministre le soin d'essuyer les plâtres. Mais il reste beaucoup à faire pour remplir les objectifs assignés au plan européen. La part du renouvelable est passée de 3% à 19% en une décennie, ce qui demeure insuffisant. Parallèlement, tout indique que plus de deux réacteurs nucléaires survivront à l'échéance de 2025 qui devait, il y a peu encore, sacraliser ici la fin de l'atome.
Les choses, toutefois, bougent. Alexander De Croo aime rappeler que la Belgique est «l'un des leaders mondiaux dans les éoliennes offshore». Un cocorico qui fait écho à l'important développement de l'éolien en mer du nord. En octobre dernier, le projet d'une île artificielle a été dévoilé. Elle sera construite pour équiper la nouvelle et deuxième zone d'éoliennes maritime belge.
La princesse Esmeralda légitimise la désobéissance civile
La société civile n'est pas pour autant rassurée. Le CNCD, qui coordonne 90 ONG, syndicats et associations d'éducation permanente, demande que les États développés réaffirment leur soutien financier aux pays en développement, en particulier les plus vulnérables aux impacts climatiques. En 2020, selon le CNCD, ils n'auraient reçu qu'une somme oscillant entre 21 et 24 milliards de dollars «seulement» contre les 100 milliards promis.
Pour l'anecdote, une joute médiatique d'un style particulier s'est déroulée au lendemain des protestations à la glu menées par des activistes dans des musées européens à l'encontre de tableaux célèbres. Pour Alexander De Croo, s'il faut combattre le changement climatique, il s'agit néanmoins de «vandalisme». En face, la princesse Esmeralda de Belgique, la tante du roi Philippe, s'est montrée au contraire rebelle: il est «normal», estime-t-elle, que les gens recourent à la désobéissance civile pour attirer l'attention sur le climat. En 2019, la fille de feu le roi Léopold III avait été brièvement détenue à Londres après y avoir participé à une action du mouvement climatique Extinction Rebellion.
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