200.000 réfugiés attendus en Belgique
200.000 réfugiés attendus en Belgique
De notre correspondant MAX HELLEFF (Bruxelles)- Depuis ce lundi, les réfugiés ukrainiens peuvent s'enregistrer dans le grand centre ouvert à leur intention au Palais 8 du Heysel, parallèlement à la structure qui fonctionnait déjà dans l'ancien institut Jules Bordet (Bruxelles).
Cette nouvelle implantation répond aux critiques qui avaient été adressées à l'administration dès les premiers afflux de réfugiés. Les files s'étaient rapidement allongées devant les bureaux de fonctionnaires trop peu nombreux pour répondre à toutes les demandes. Des familles avaient choisi de passer la nuit à la rue pour être en bonne position dans la queue dès le lendemain.
2.000 personnes sont accueillies chaque jour
Le défi est énorme. Quelque 2.000 personnes sont accueillies chaque jour et ce nombre devrait rapidement augmenter. Selon Sammy Mahdi, le secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration, la Belgique pourrait accueillir jusqu'à 200.000 réfugiés ukrainiens dans les prochains mois. Le Premier ministre belge Alexander De Croo préfère parler de «plusieurs dizaines de milliers». Du jamais-vu quoi qu'il en soit depuis la Seconde Guerre mondiale.
La solidarité est au rendez-vous. Des Belges se manifestent en nombre pour accueillir chez eux des Ukrainiens «le temps qu'il faudra». Un temps indéfinissable, qui dépendra de la longueur de la guerre, mais aussi des éventuels pourparlers qui suivront les combats et décideront de l'avenir du pays. Une seule certitude: la protection temporaire accordée par l'Union européenne aux Ukrainiens pourra être prolongée pendant trois ans.
Dans l'immédiat, les autorités doivent organiser la scolarisation des enfants réfugiés. Ils sont évacués en priorité et seront fatalement nombreux à fréquenter demain l'école belge, avec pour premier obstacle l'immersion dans un milieu dont ils ignorent la ou les langues. Certaines méthodes sont toutefois déjà rodées. Côté francophone ainsi, un dispositif existe pour apprendre le français aux primo-arrivants et pallier les difficultés d'apprentissage dues au déracinement. Mais des écoles pourraient être vite débordées par l'importance de l'afflux. Il est question ainsi de faire appel à des retraités pour soulager les enseignants.
La presse et les ONG saluent la solidarité qu'a engendrée dans la population le sort réservé par la guerre aux civils ukrainiens. Mais une question les taraude: les Belges se montrent-ils plus empathiques avec ces réfugiés, au motif qu'ils sont européens, blancs et de confession chrétienne là où la majorité des Syriens accueillis en 2015-2016 étaient musulmans? Sans conteste oui, relayent plusieurs médias.
Une première polémique dans les hôpitaux
Une première polémique est toutefois apparue. Elle porte sur la prise en charge des blessés de guerre ukrainiens. Pour les ministères de la Santé et de la Défense, ceux-ci devraient être répartis dans plusieurs hôpitaux, seuls 25 blessés étant pris en charge par l'hôpital militaire de Neder-over-Heembeek (nord de Bruxelles). Mais les établissements hospitaliers «civils» voient d'un mauvais œil ces arrivées qui pourraient demain croître de façon exponentielle - or le covid pèse toujours sur le secteur. Ils estiment donc que l'accueil des futurs blessés revient prioritairement à l'hôpital militaire, lequel «offrirait les meilleures garanties de sécurité» et une «centralisation» nécessaire en cas de «guerre chimique, biologique ou nucléaire».
La Défense est pointée du doigt. Le vaste hôpital militaire de Neder-over-Hembeek n'accueille plus aujourd'hui que des grands brûlés, soit 25 lits là où on en comptait autrefois 600. De quoi donner une autre idée du désinvestissement dont souffre depuis des années l'appareil militaire du pays.
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