100.000 diplômés belges dans l'expectative
100.000 diplômés belges dans l'expectative
De notre correspondant Max Helleff (Bruxelles) -L'avenir immédiat de l'enseignement supérieur et universitaire est l'une des questions les plus problématiques du confinement. Certaines universités belges contrôlent la situation et cherchent en ce moment des solutions pour organiser les examens de juin, d'autres pas. Quant aux hautes écoles, elles sont dans le flou absolu.
Plus largement, cette crise laissera des traces durables dans le cursus des étudiants belges, et notamment des jeunes diplômés. Ces derniers s'apprêtent en effet à se lancer dans le monde du travail à un moment où l'économie est en panne sèche, ou presque. A l'exception des entreprises des secteurs jugés essentiels – comme la grande alimentation – des milliers de sociétés ont fermé les volets depuis la mi-mars. Seuls seront autorisés à rouvrir dès ce week-end les pépinières et les magasins de bricolage selon des conditions très strictes.
Quid des stages en entreprises?
Pour les 100.000 jeunes qui vont décrocher un diplôme en juin, l'avenir ne s'annonce pas rose. Selon Bart Cockx, professeur d'économie à l'université de Gand (UGent), ils vont avoir de grandes difficultés à s'insérer sur le marché du travail. «Cette génération, commente l'économiste, risque de cumuler cet effet négatif sur une très longue période.» De telles observations sont basées sur l'étude de précédents ralentissements économiques, notamment en 1994 et 2003.
L'un des principaux obstacles rencontrés par ces jeunes est l'écourtement ou l'annulation des stages, lesquels constituent parfois une porte d'entrée au travail. C'est vrai pour ceux qui terminent actuellement leurs études, mais aussi pour ceux qui possèdent déjà un diplôme et additionnent les expériences afin d'étayer leur curriculum vitae. Tous risquent de prendre du retard dans leur carrière et de traîner durant de longues années un handicap salarial susceptible de leur interdire les portes de l'ascenseur social.
Selon l'économiste gantois ainsi, les revenus de ces jeunes pourraient rester inférieurs aux allocations de chômage. Un des maux récurrents du monde du travail belge est en effet que certains jobs offrent une rémunération moindre ou équivalente à ces indemnités, dissuadant une partie des actifs potentiels de chercher du travail.
A défaut d’un redémarrage rapide de l'économie, les moins qualifiés seront contraints au chômage de longue durée, alors que les diplômés devront se contenter de boulots moins gratifiants et moins rémunérateurs. Jusqu'à 6% en moins qui, d'année en année, plomberont la fiche de salaire des jeunes sortant en ce moment des hautes écoles et de l'université.
Sans surprise, leur situation dépendra de la reprise de l'activité économique. Or, le déconfinement, même s'il devait se confirmer qu'il débutera le 3 mai, ne se fera pas en un bloc. Le scénario le plus probable est que seules certaines entreprises rouvriront d'abord leurs portes. Le personnel pourrait s'y rendre en alternance, afin d'éviter une reprise de la propagation du virus. Les tâches pourraient rester réduites un certain temps, dans certains secteurs. Autant de facteurs qui risquent de freiner les offres d'emploi.
Les milieux économiques et financiers belges se veulent toutefois optimistes. Récemment, la Banque nationale et le Bureau du plan ont estimé qu'un rebond devrait rapidement succéder à la crise – si elle le confinement ne dépasse pas sept semaines. La croissance gagnerait ainsi quelque 8% en 2021, ce qui pourrait engendrer la création de nouveaux jobs.
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