Une liaison Thionville-Lyon sur les rails pour 2023
Une liaison Thionville-Lyon sur les rails pour 2023
Pas concurrent, complémentaire. Voilà comment Alexandra Debaisieux qualifie Railcoop par rapport à la SNCF. N'empêche, la jeune société coopérative a bien l'intention de montrer à l'opérateur historique du réseau ferré français que le rail peut se vivre autrement. Et la directrice générale déléguée de Railcoop d'expliquer : «Déjà, notre ambition n'est pas d'être en compétition sur des lignes existantes mais de proposer d'autres lignes au maillage actuel».
Ainsi, la coopérative ambitionne-t-elle d'ouvrir, en 2022, une liaison Bordeaux-Lyon. Devraient suivre en 2023 un Toulouse-Rennes inédit à l'Ouest de l'Hexagone, et un aller-retour Thionville-Lyon côté Est. Les dossiers pour obtenir l'indispensable licence pour faire rouler des trains sur ces axes ont été déposés cet été, et le certificat de sécurité devrait être accordé d'ici cet automne.
Ainsi, d'ici deux ans, rejoindre la capitale du Nord-mosellan à celle des Gaules sera-t-il possible sans passer par Paris. Les passagers n'auront plus à descendre à Paris-Est pour rejoindre la gare de Lyon pour mettre cap au Sud. «Notre projet est de réhabiliter des liaisons directes, sans rupture pour l'usager.» De belles ''lignes droites'' sur la carte qui ne se traduiront pas forcément par un gain de temps.
En effet, dans l'ADN de Railcoop, l'intérêt des nouvelles liaisons est aussi de rattacher aux liaisons ferroviaires des villes moyennes mises à l'écart des grandes destinations. Ainsi, entre Thionville et Lyon, les wagons devraient-ils faire halte à Metz, Nancy, Toul, Neufchâteau, Dijon, Beaune, Châlon-sur-Saône, Mâcon avant de stopper à Lyon Part-Dieu.
«Pour l'heure, la vitesse pure n'est pas recherchée. Déjà parce que nous ne disposerons pas des locomotives adéquates», indique Alexandra Debaisieux qui sait que les premiers convois seront tractés par des X72500, «d'anciens TER rachetés d'occasion». A défaut de jouer la montre, la coopérative entend par contre concurrencer la route.
La bataille visera ainsi la clientèle habituée à circuler en voiture individuelle, en bus ou en covoiturage. Déjà du point de vue de l'agrément de voyage proposé à bord, mais aussi question tarif. Un point essentiel pour les sociétaires : il faut que le rail ait un attrait financier pour qui monte à bord. «Pour notre première liaison, Lyon-Bordeaux, nous sommes donc partis sur un tarif de 5 cents du kilomètre et un forfait fixe de 15 euros.» Le modèle économique semble viable à ce niveau de prix, estime la société qui s'appuie sur un capital social de 3 millions d'euros désormais.
Mais au fait, pourquoi avoir retenu Thionville? Comme pour ses autres futures lignes, la société s'est basée sur une montagne d'études. «Il a fallu croiser plusieurs données comme les flux aériens existants, la croissance attendue de la population et les prévisions des demandes de mobilité.» Et c'est en secouant tout cela que l'idée est venue de connecter la sous-préfecture de la Moselle à la préfecture du Rhône. Avec même une possibilité de rejoindre Grenoble ou Saint-Etienne, la demande a été faite également.
Avis à qui veut prendre le train coopératif en marche, il reste de la place pour de nouveaux sociétaires. Ils sont déjà 9.000, aussi bien particuliers qu'entreprises ou collectivités à avoir adhéré.
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