Une base martienne en projet dans le Luxembourg belge
Une base martienne en projet dans le Luxembourg belge
Evoluer dans une véritable base martienne et expérimenter ce que vivent les astronautes sur la planète rouge, vous en avez toujours rêvé? Pas besoin cependant d'aller aussi loin pour vivre cette expérience exceptionnelle, puisqu'il suffira dans quelque temps de se rendre à l'Euro Space Center (ESC) à Transinne, dans le Luxembourg belge, situé à une centaine de kilomètres de Luxembourg-Ville.
Le gouvernement wallon, en la personne du ministre wallon de la Recherche et de l'Innovation Willy Borsus, vient de financer la conception d’un nouveau module pédagogique consistant à créer une base martienne sur le site de l’ESC. Un subside de 230.000 euros a été octroyé pour étudier trois projets, dont celui-ci. «Il s’agira du premier démonstrateur éducatif au monde à intégrer un système régénératif complet de support vie», explique dans un communiqué le groupe IDELUX, qui réunit cinq intercommunales destinées notamment à stimuler le développement économique de la province de Luxembourg.
«La genèse du projet remonte à une vingtaine d'années déjà», pose d'emblée Laure Delbecq, chargée de projet au sein du groupe IDELUX, qui assiste à la maîtrise d'ouvrage dans le dossier. «L'idée est venue de Pierre-Emmanuel Paulis, instructeur à l'Euro Space Center et président de la Mars Society Belgium. Il a eu l'opportunité il y a quelques années de se rendre dans le désert de l'Utah aux Etats-Unis pour mener des expériences sur une base martienne qui a été conçue pour accueillir des scientifiques et des professionnels du monde entier. A son retour, il rêvait de construire une telle structure sur le site de Transinne mais à destinée pédagogique.» Avec dans le viseur le souhait de vulgariser l'espace et de donner la passion des sciences.
Plusieurs concepts ont vu le jour au fil des années, pour arriver finalement au stade d'avant-projet actuel. Un marché public a été lancé en août dernier. Le bureau d'architectes belge Assar, implanté aussi au Luxembourg, a été désigné pour accompagner IDELUX dans la construction de cette infrastructure inédite. Le développement du programme pédagogique a été confié aux équipes de l'ESC.
Le nouveau module pédagogique prendra place à l'extérieur de l'Euro Space Center et profitera de l’argile rouge naturellement présente sur la zone pour simuler la terre ocre de Mars. Il accueillera un minimum de 48 stagiaires en immersion partielle, c'est-à-dire qu'ils ne dormiront pas dans l'infrastructure. «L'Euro Space dispose déjà d'un village martien mais le nouveau projet de base permettra d'expérimenter les différentes problématiques de la vie sur Mars d'une manière bien plus immersive», commente Laure Delbecq. Le nouveau projet sera «une vitrine de toutes les technologies nécessaires pour assurer la vie dans l'espace.»
De Mars à la Terre
Les différentes expériences, ludiques et pédagogiques, montreront l'impact des technologies et les enjeux que représentent les missions habitées sur Mars. «Un parallèle sera également fait avec la Terre. Car ce qu'on peut développer pour la vie sur Mars est aussi utilisable sur Terre. Je pense par exemple aux systèmes pour recycler l'eau ou les déchets.»
Pour construire cette base martienne modulaire, les concepteurs du projet ont pensé à des moyens architecturaux pionniers et non conventionnels, comme l'impression 3D ainsi que des structures pliables, gonflables ou encore démontables, à l'instar de ce qui est imaginé par les agences spatiales pour les missions sur Mars. «Le bureau d'architecture a cherché à savoir comment l'humain peut s'adapter à un environnement hostile et se protéger du vent, de la pluie mais aussi des chute d'astéroïdes ou de météorites...», explique la chargée de projet.
Le projet a séduit les professionnels du secteur
La base sera de forme triangulaire et entièrement modulable, pour qu'elle puisse s'adapter et s'agrandir. Avec la seule contrainte que tout ça devra pouvoir entrer dans un container destiné à être envoyé sur Mars avec une fusée. «Car dans la vie réelle, on ne pourra pas tout emporter sur la planète rouge. Il faudra faire des choix.»
Ce projet particulièrement ambitieux a déjà séduit un certain nombre d'acteurs clés du secteur. Il a été présenté lors d'un colloque à Toulouse à la communauté MELiSSA début novembre. Le programme MELiSSA développé au sein de l'Agence Spatiale Européenne est considéré aujourd'hui «comme l'exemple d’économie circulaire le plus abouti au monde, avec notamment pour résultats de nombreux transferts technologiques du spatial vers le terrestre.»
Le subside octroyé par le gouvernement wallon pour le projet de base martienne est destiné à l'étude de la mise en place du concept». Mais avant qu'elle ne voie le jour, il reste encore un certain nombre d'étapes à franchir. Dont l'estimation financière du projet mais aussi «la recherche de partenariats pour obtenir des fonds», souligne Laure Delbecq. «Ce n'est donc pas demain que nous pourrons accueillir nos premiers stagiaires mais nous avons bon espoir que le projet se concrétise dans les prochaines années.» Avant peut-être le premier pas de l'homme sur la planète rouge?
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