Souriez, vous êtes filmés à la côte belge
Souriez, vous êtes filmés à la côte belge
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Une question a hanté les Belges tout au long des dernières semaines : où prendre ses vacances? En dépit de la levée des frontières intervenue ce lundi 15 juin, un certain nombre de pays leur sont toujours interdits. Vendredi, le ministre des Affaires étrangères Philippe Goffin a mené une opération de séduction auprès des ambassadeurs européens, sans toutefois parvenir à les convaincre tous de la capacité de la Belgique à éradiquer rapidement et totalement le covid-19.
Ainsi huit pays resteront momentanément fermés aux Belges, comme à la plupart des ressortissants européens (Danemark, Tchéquie, Lituanie, Estonie, Malte, Espagne, Norvège et Chypre). Onze imposeront des conditions à l’entrée, dont la Grèce.
Le risque de trouver portes closes conjugué à l’appréhension suscitée par une seconde vague épidémique potentielle ont amené un certain nombre de nationaux à opter pour un séjour au pays. Selon un récent sondage, 14% des Belges comptent passer leurs vacances en Belgique, contre 10% avant la crise sanitaire. Sans grande surprise, on devrait les retrouver en Ardenne et surtout à la côte, où ils feront bronzette à côté du public international qui apprécie les sables de la mer du Nord, dont les Allemands et les Luxembourgeois.
Problème : les plages de la côte belge ne sont pas infinies et les règles d’hygiène et de distanciation sociale restent de mise, imposant aux estivants de garder un minimum de distance entre eux.
Places à réserver
Plusieurs communes ont déjà annoncé la couleur. Coxyde mise ainsi sur ses huit kilomètres de plages pour garantir la distanciation sociale. Des contrôles seront réalisés et les sanitaires régulièrement nettoyés. De Haan (Le Coq) va cloisonner ses plages afin de comptabiliser le nombre de touristes ou de résidents occasionnels. A Nieuport, cinq zones seront instaurées moyennant un dispositif de couleurs qui inclura des «coachs» chargés de gérer la promiscuité. A Ostende, il faudra réserver (gratuitement et quotidiennement) sa place sur la plage aux endroits les plus fréquentés.
Ces mesures avaient déjà été décidées pour la plupart en mai. Depuis, les stations balnéaires ont opté pour un réseau de caméras qui surveilleront digues et centres-villes. Un contrat a été conclu entre le bureau de tourisme de Flandre occidentale Westtoer et l'entreprise brugeoise Citymesh pour implanter 250 caméras intelligentes. Objectif : mesurer l’affluence des touristes et prendre en temps et heure les mesures qui permettront de faire respecter les règles de distanciation sociale.
Cette initiative pose des questions évidentes en termes de protection de la vie privée. L'Autorité de protection des données s’interroge ainsi sur les limites qui seront imposées à ces caméras. Autrement dit, comment être certain qu’elles se borneront à compter les touristes et non à les identifier ? «La surveillance de masse au moyen de caméras est-elle la manière la moins intrusive de compter le nombre de visiteurs présents à la côte», s'interroge l’Autorité de protection des données. Elle déplore que «de prime abord, ce projet semble comporter des risques élevés pour les individus» et estime de son devoir de se «pencher de plus près sur cette initiative».
A ce stade, il est question d’une demande d’informations auprès des concepteurs du réseau de caméras. Une enquête formelle pourrait toutefois être lancée si une infraction à la protection des données privées devait être constatée.
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