S'appuyer sur le droit pour contrer Cattenom
S'appuyer sur le droit pour contrer Cattenom
Prononcez le nom de Cattenom devant le ministre de l'Energie et Claude Turmes (Déi Gréng) réagira immédiatement d'un «Atom, no way». Même arrivé au gouvernement, l'écologiste ne modère jamais son propos face à chaque évocation de la centrale nucléaire située à une dizaine de kilomètres du Luxembourg. Et si le gouvernement français a décidé de prolonger l'exploitation des installations de dix ans, soit jusqu'en 2035, Claude Turmes n'entend pas baisser la tête.
Ainsi, à la Chambre, le ministre a fait savoir que «le match engagé avec le gouvernement Macron» allait connaître un nouveau temps de jeu. Dans la nouvelle stratégie luxembourgeoise, il est question désormais de s'appuyer sur deux textes internationaux. La convention Espoo et une directive européenne sur l'impact de la politique énergétique menée par un pays dont on partage une frontière.
Ainsi, le ministre compte s'appuyer notamment sur ces exigences qui signalent que les pays d'origine «doivent notifier à leur voisins concernés (dits «parties touchées») tout projet majeur à l'étude s'il est susceptible d’avoir un impact transfrontalier significatif et préjudiciable à l'environnement.»
Ensuite, les parties concernées, en l'occurrence Etats français et luxembourgeois «doivent se consulter pour réduire ou éliminer ces impacts» et cela à l'initiative de l'un ou de l'autre des pays. France et Grand-Duché devraient, stipule la convention, alors s'entendre compte tenu des possibles émissions transfrontalières de polluants ou de contaminants biologiques qui pourraient avoir lieu «de manière chronique ou accidentelle». Ces transferts pouvant se faire via l'air (le Luxembourg n'est qu'à 10 km et sous le vent), l'eau (la Moselle coule au pied de la centrale) et/ou dans les sols.
Plusieurs activités visées
Parmi les exemples d'actions ou projets «devant obligatoirement être traités par les parties signataires de la convention», on trouve l'installation (ou la poursuite d'activité) pour des raffineries pétrolières, des usines travaillant de l'amiante ou de installations chimiques classées, notamment. Il va de soi que le cas des centrales nucléaires, comme celle de Cattenom, fait partie du cadre de la convention Espoo qui remonte à 1991.
Reste à savoir si l'argumentation du ministre luxembourgeois sera audible à Paris. Claude Turmes qui, l'été dernier, avait incité les exploitants du site nucléaire lorrain à le transformer en vaste champ de panneaux solaires, a en tout cas fourbi ses armes pour mener le combat.
