Pourquoi ce 8 mars est-il différent des autres en France?
Pourquoi ce 8 mars est-il différent des autres en France?
Dans l'agenda des militantes féministes, il est incontournable. Le 8 mars, qu'il pleuve, vente, ou neige, le rendez-vous est donné dans la rue pour défendre les droits des femmes à pleins poumons. Si ce mercredi 8 mars 2023 ne fait pas exception à la règle, il s'annonce particulier.
«Cette année, la grève féministe du 8 mars s'inscrit pleinement dans la lutte contre la réforme des retraites», explique Servane Diaferia-Acevedo Reyes, fondatrice du collectif féministe messin La Grenade. Depuis le début du mouvement, le groupe de militantes s'est pleinement mobilisé au fil des rendez-vous organisés à Metz.
Annoncée depuis plusieurs semaines, la grève générale du 7 mars avait ainsi prévu, par son caractère reconductible, de s'étendre au lendemain. «On est en plein dans cette mobilisation depuis plus d'un mois, donc c'est ce qu'il y a de très fort cette année. En tant que féministes, cette lutte nous appartient complètement», poursuit Servane.
L'écart de rémunération persiste
Le collectif s'oppose à la réforme, aux effets qu'il juge particulièrement délétères pour les femmes et les minorités. «Nous ne sommes pas sans savoir que les femmes comme les minorités ont plus de difficultés à trouver un emploi, subissent le harcèlement moral et sexuel au travail, occupent des emplois précaires avec des temps partiels qui sont subis, ont des carrières hachées...», énumère la militante.
À ces différents facteurs s'ajoute l'écart de rémunération, qui s'élevait en 2020 à 15,8% en France, en faveur des hommes. Au Luxembourg, en revanche, cet écart s'est inversé, les femmes gagnant désormais plus que les hommes en termes de salaire horaire. «On a des boulots moins payés à tâche égale, donc c'est sûr qu'à la retraite, on va gagner moins. Partir à 64 ans, cela voudrait dire que les femmes auraient à subir ça encore plus longtemps. Pour les femmes, il n'y a donc pas d'autres optiques envisageables que le retrait de cette réforme.»
Mais si cette contestation sociale générale teintera inévitablement le cortège qui s'élancera du parvis des Droits de l'Homme à Metz, aux environs de 14h ce mercredi 8 mars, toutes les revendications féministes resteront d'actualité. «Il ne faut pas pour autant passer sous silence toutes les autres problématiques qui sont toujours là: les féminicides, le recul du droit à l'IVG dans certains pays, ou encore le traitement des victimes de violences», rappelle Servane.
La fondatrice de La Grenade espère ainsi que la lutte contre la réforme des retraites ne rendra pas invisibles les autres combats portés par les militantes féministes. «On se bat pour notre droit à la retraite, mais aussi pour nos autres droits. On essaye de se faire la voix de toutes les personnes qui souffrent du patriarcat.»
Une mobilisation accrue
Par rapport aux années passées, la mobilisation s'annonce donc plus importante, selon l'activiste, qui s'attend à un cortège gonflé par les manifestants opposés à la réforme. «Je pense que les personnes qui viendront en plus le feront sous l'effet du coup de tonnerre de cette réforme et ne seraient pas venues sans», présage Servane.
Si elle se réjouit de cette mobilisation possiblement accrue, qui contribuera à faire entendre des messages féministes, elle la voit aussi d'un œil critique. «C'est très bien qu'il y ait plus de monde, mais est-ce que l'année prochaine, quand le problème des retraites sera, on l'espère, résolu, ce sera le cas?»
Au-delà de participer à ces mobilisations intersyndicales, le collectif La Grenade, qui célèbre ses deux années d'activité, organise sa propre marche féministe en non-mixité, c'est-à-dire entre femmes. «Durant cette marche nocturne, nous allons nous réapproprier l'espace public en prenant la parole sur tous les droits qu'il nous manque et ceux qu'on essaye de nous enlever. On y lâchera un peu de colère et d'émotions pour se donner de la force à toutes.»
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