Pour Jean Rottner, plus question de payer la SNCF
Pour Jean Rottner, plus question de payer la SNCF
C'est une décision que réclamaient certains voyageurs de la ligne Nancy-Metz-Thionville depuis des semaines. L'arrêt des paiements à destination de la SNCF par la région Grand Est semble avoir finalement trouvé écho au sein de l'hémicycle du Conseil régional. Pour les élus comme pour les frontaliers, la coupe est pleine.
Réunis ce vendredi en commission permanente, les conseillers régionaux ont abordé le sujet des transports en commun, et plus spécifiquement celui de la SNCF. Pendant le débat, les reproches à l'encontre de la compagnie ferroviaire se sont accumulés. Vice-président de la région Grand Est en charge des transports et maire de Saint-Dié, David Valence (Parti Radical) a directement donné le ton: «Je suis les sujets sur les transports à la région depuis 2016, et j'ai rarement vu une situation de perturbation et de dysfonctionnement sur le système ferroviaire comme nous en connaissons depuis le mois de septembre».
Aux phénomènes dits ''classiques'' comme les heurts de gibier ou les déraillements liés aux feuilles mortes, se sont ajoutés les besoins en maintenance du parc de TER, ainsi que la vague Omicron, qui a entraîné une réduction de l'offre de transport sur l'ensemble des lignes de la région. Actuellement, et ce depuis le 21 février, un train sur dix ne circule toujours pas sur la ligne qui relie Nancy au Luxembourg.
Un plan de correction
Un plan de transport réduit qui ne correspond résolument pas à l'offre commandée par le Grand Est. Aux grands maux, les grands remèdes: Jean Rottner (LR) a annoncé que la collectivité allait arrêter de payer, une première pour la région. «On est dans un système où il y a plein de points qui amènent des désagréments vis-à-vis de nos usagers, de manière quotidienne, donc nous allons arrêter de payer, le temps que l'on nous apporte un plan de correction général par rapport à l'exigence qui était la nôtre au 1er janvier de cette année», a ainsi déclaré le président du Grand Est.
Alors que le système d'information des voyageurs dysfonctionne, ce vendredi, à l'échelle nationale, Jean Rottner pointe du doigt d'autres problèmes qui s'accumulent. «Nous avons 14 trains en moins pour cause d'amiante, une montée en charge qui ne correspond pas à ce qui était prévu. Il n'y a pas une journée de cette semaine sans que je n'aie la directrice régionale au bout du fil», souligne l'élu.
A ce jour, les conseillers régionaux estiment avoir mis les moyens financiers pour que la SNCF soit en capacité de résoudre des problèmes de gestion de crise, et améliorer l'information en temps réel. Chaque année, ce sont 445 millions d'euros qui sont déboursés par la région Grand Est pour le réseau TER. «Et le compte n'y est pas», se désole David Valence, qui note que le Grand Est n'est pas la seule région de France à subir ces désagréments. Ainsi, la région Hauts-de-France avait suspendu son paiement à la SNCF pendant presque quatre mois, de décembre 2021 à avril 2022.
Une action collective
Dans leurs débats, les différents élus ont souligné un problème récurrent, qui ne saurait être réglé rapidement. Fabien Engelmann (RN), maire de la commune d'Hayange, a notamment mis en avant l'argument du développement d'un service ferroviaire de proximité. «On a des petites gares, comme celles d'Hayange qu'on pourrait développer. Les voies existent et vont jusqu'au Luxembourg», a avancé l'élu. «Si vous voulez investir pour la gare d'Hayange, la région sera à vos côtés», a répondu David Valence, invitant l'édile hayangeois à déposer un dossier d'aménagement pour qu'il soit étudié.
D'autres élus ont plaidé pour une action collective, aux côtés des autres régions de France confrontées à des dysfonctionnements de la part de la SNCF. «Si nous voulons être à la hauteur de ce débat, il s'agira d'établir un rapport de force face à la SNCF. On ne peut pas l’intégrer tout seuls», fait valoir Bertrand Masson (PS). Un point de vue partagé par Christophe Choserot (LREM), qui se positionne en faveur «d'une pression de l'ensemble des régions de France car le problème est généralisé».
Pour faire valoir la temporalité de cette décision inédite, le président de la région Grand Est s'est appuyé sur trois arguments. Le premier est le besoin d'avoir une offre de transports en commun cohérente par rapport au pouvoir d'achat des Français. «En prévision de cela, nous avions demandé une montée en charge de la qualité et de la fréquence de service et force est de constater qu'aujourd'hui, ce n'est pas au rendez-vous», fait ensuite valoir Jean Rottner. Enfin, le président souligne la position de client, dans laquelle se trouve la région. «Je dis stop, parce que nous devons un service de qualité, d'autant plus face à l'augmentation du coût de l'énergie. Le train c'est quand même une solution idéale pour beaucoup de nos concitoyens.»
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