Metz tend l'oreille aux frontaliers
Metz tend l'oreille aux frontaliers
A elle seule, la Ville de Metz compte plus de 5.000 frontaliers. Ainsi, près de 20% de sa population vivrait dans la cité mosellane mais travaillerait 30 kilomètres plus au Nord, au Grand-Duché. «C'est une part trop importante, avec des attentes particulières pour ne pas y prêter attention», insiste depuis son élection le maire de la capitale départementale. Mais qui sont-ils et que veulent-ils ces frontaliers?
C'est là tout l'intérêt de l'enquête qui sera lancée à compter de cette mi-février. Deux mois de flyers distribués et de questionnaires en ligne à remplir pour que les élus de la Ville et au-delà ceux de la métropole (300.000 habitants) puissent imaginer des services adaptés à cette catégorie. «Par exemple, dès le printemps dernier, Metz a su élargir ses horaires de crèches pour que les personnels soignants, mobilisés par la crise covid, puissent assumer leur rôle sans avoir ce souci de garde. C'est une piste qu'il faut étudier aussi pour les enfants de frontaliers. Et donc plus largement pour ceux de nos concitoyens qui travaillent en horaires décalés.»
Ce 15 février, l'adjointe au maire Anne Daussan-Weizman (en charge des coopérations transfrontalières) présentera les grandes lignes de ce sondage. Evoquant aussi bien les aspects d'accès aux services municipaux quand on travaille 40 heures loin de son domicile, que l'offre de loisirs, d'habitat, de services. «Pourquoi ne pas imaginer en gare de Metz, par exemple, une antenne décentralisée de la Maison du Luxembourg (qui fonctionne déjà bien à Thionville). Une cellule que les navetteurs pourraient trouver ouverte le matin avant leur départ ou le soir à leur retour du travail?», envisage déjà François Grosdidier.
Nous avons en commun cette "route bleue", la Moselle et on la sous-emploie!
Mais nul doute que les élus scruteront aussi attentivement les réponses apportées à tout ce qui concerne les déplacements quotidiens. Dans l'agglomération, mais surtout vers et depuis le Grand-Duché. «Améliorer l'autoroute, la doubler par endroit (quand, par où?) ou améliorer/optimiser le réseau ferré ne suffira pas à absorber le trop-plein de frontaliers qui nous attend. On le sait déjà.» Aussi, pour l'élu LR, ll faut arrêter de toujours se concentrer sur ces seuls «tuyaux bouchés» que sont l'A31 et le sillon SNCF Nancy-Luxembourg.
«Pensons à de nouvelles infrastructures de mobilité. Nos concitoyens ont sans doute, eux aussi, des visions de ce qui pourrait faire solutions, autant leur demander», lance François Grosdidier. Lui avance une hypothèse pour rendre un peu plus de débit aux «tuyaux» qui, de pannes en bouchons, finissent par user le quotidien de ses concitoyens : dévier le fret du trafic ordinaire pour qu'il encombre moins les axes de circulation qui servent aux frontaliers et aux locaux.
«Un maximum du transport camions pourrait emprunter le rail; une grande partie des grosses cargaisons peut, elle, être délestée du réseau ferré vers les voies navigables. Bon sang, nous avons en commun cette ''route bleue'', la Moselle, et on la sous-emploie. C'est pourtant la voie la plus écologique pour relier la mer du Nord à la Méditerranée. Sans compter qu'elle est calibrée pour des péniches grands gabarits!»
Mais ça, c'est son avis. Et bien entendu, à compter d'aujourd'hui et de ce vaste sondage, la vox populi a la possibilité de se faire entendre. Et le maire de Metz de conclure : «On ne peut que se féliciter d'avoir ces 100.000 Mosellans travaillant au Luxembourg et dépensant chez nous. Mais dans cette population active, il y a beaucoup d'hommes et de femmes originaires d'autres régions et dont nous avons besoin maintenant, mais surtout pour l'avenir. Il faut donc leur montrer qu'il y a ici certes de l'emploi côté luxembourgeois, mais une qualité de vie qui mérite de faire sa vie ici.»
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