Les usagers du TER encore victimes du coup de la panne
Les usagers du TER encore victimes du coup de la panne
Avec près de neuf mois de retard sur le calendrier espéré par le Luxembourg, les 25 rames de la SNCF assurant la desserte entre Nancy et Luxembourg répondent bel et bien aux dernières normes de sécurité. Désormais toutes équipées du système ERTMS, elles peuvent donc traverser la frontière et donc mettre fin au changement de train en gare de Thionville. Sauf que ce qui devait siffler la fin des difficultés pour les usagers du sillon lorrain ne porte pas encore pleinement ses fruits.
Depuis la fin août, les retards ou les annulations de train se multiplient en raison de «pannes» et autres «problèmes techniques» sur différentes rames. Autant d'événements qualifiés de «soucis enregistrés ces derniers jours» par la SNCF qui se garde bien d'avancer tout chiffre sur l'ampleur du phénomène, indiquant que cela se déroule «dans une proportion plutôt rare». Selon les associations d'usagers, cela représenterait jusqu'à deux annulations de train par jour, depuis la mise aux normes des rames. Un constat que Jean Rottner, président de la région Grand Est en charge de l'organisation des TER, résume de manière laconique sur les réseaux sociaux en évoquant de «gros problèmes de matériel».
Ce nouveau couac trouve son origine dans le nouveau programme installé par la SNCF et destiné à gérer le nouveau dispositif de sécurité des TER. «Ce logiciel est censé réaliser des calculs toutes les x secondes pour établir la courbe de freinage, mais il s'avère que de temps en temps, il n'est pas capable de les faire», résume Dimitri Janczak, secrétaire adjoint de l'association de voyageurs AVTERML-FNAUT. Un défaut dont l'origine précise s'avère compliquée à identifier, puisque pouvant être aussi bien lié à «une mauvaise installation des capteurs sur les voies, un manque de puissance des ordinateurs de bord ou bien encore dans les différences de normes en vigueur entre la France et le Luxembourg», estime l'informaticien de profession.
Autant d'hypothèses qui peuvent se cumuler, notamment en ce qui concerne les exigences imposées par les autorités luxembourgeoises, très strictes en matière de sécurité ferroviaire. Et ce, d'autant plus depuis le 14 février 2017, date de la collision entre un TER et un train de marchandises qui avait coûté la vie à un cheminot des CFL. Une approche nationale qui vient toutefois se heurter au manque de cohérence du réseau ferré européen. Car si le Luxembourg plaide pour que les chemins de fer jouent un «rôle clé dans le transport international de passagers au sein de l'Union», il peine à faire entendre sa voix à l'échelle européenne. Notamment en ce qui concerne la nécessité d'harmonisation dans le secteur.
Résultat: les 12 millions de voyageurs annuels du sillon lorrain subissent «des décisions qui ne sont pas forcément concertées et qui répondent le plus souvent à des besoins qui existent d'un seul côté de la frontière», estime Dimitri Janczak qui assure «avoir peu d'espoir pour une amélioration de la situation à court ou moyen terme».
Selon la SNCF, les problèmes rencontrés sur le système ERTMS ont été «identifiés et résolus» dans la zone d'Uckange «il y a trois semaines», mais «une zone de fragilité» reste encore active autour de Thionville. A en croire l'opérateur français, les bugs informatiques détectés «sans conséquence pour la sécurité» seront supprimés «avec le changement de version - du logiciel, ndlr - prévu à partir du 18 octobre». Une mise à jour qui doit s'étaler sur une période de «deux mois maximum», soit jusqu'à la mi-décembre et le traditionnel changement d'horaire.
Aucune information quant au coût de cette opération n'a été communiquée. Idem en ce qui concerne l'instance en charge de ce surcoût potentiel, la facture pouvant aussi bien être imputée à la SNCF qu'à Alstom, fournisseur du matériel incriminé. Au Luxembourg, le système ERTMS est installé sur la totalité du réseau depuis le 1er juillet 2017, sans défaillance notable connue à ce jour.
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