Les «tchouf-tchouf» wallons en péril
Les «tchouf-tchouf» wallons en péril
De notre correspondant Max Helleff (Bruxelles) - L'interdiction partielle du glyphosate en Wallonie impacte la SNCB, en charge notamment du désherbage de ses 3.000 km de voie ferrée. Dans un reportage au titre évocateur de «Le train-poison est de retour», RTL-TVI expliquait ainsi en mai dernier que le gestionnaire du réseau ferroviaire Infrabel avait de nouveau reçu l'autorisation d'utiliser des pesticides en 2021 afin d'éliminer les mauvaises herbes le long des chemins de fer flamands et bruxellois.
«Deux fois par an, Infrabel fait circuler un train de désherbage - également nommé «train-poison» par ses opposants - afin de pulvériser des pesticides de manière ciblée.» Des discussions étaient en cours côté wallon. Et c’est précisément en Wallonie que l’interdiction du glyphosate pourrait être fatale aux trains touristiques qui sillonnent le sud. Il y a un siècle, la Belgique était le pays le plus largement desservi par le chemin de fer. Depuis, une importante partie du réseau a été démantelée au nom du rapport coût/bénéfice. Certaines lignes n’ont survécu que grâce à leur potentiel touristique et à la passion de bénévoles.
Mais les choses se corsent. Des désherbages non chimiques et manuels peuvent bien sûr être pratiqués de façon ponctuelle. Mais, pour le reste, les gestionnaires des trains touristiques expliquent que le non-recours au glyphosate leur pose un énorme problème structurel. Si les voies ne peuvent plus être désherbées chimiquement, le temps qu’il faut désormais leur consacrer risque de décourager les meilleures volontés. Ils estiment que les règles devraient être les mêmes pour tous les usagers. Après tout, sans ces bénévoles, il n’y aurait qu’herbes folles et rouille. C’est tout un patrimoine qui serait rapidement destiné à la casse.
Ces «tchouf-tchouf», comme les nomment les enfants, sont le chemin de fer du Bocq, le chemin de fer des Trois vallées, les draisines de la Molignée, les grottes de Han, l’association pour la sauvegarde du Vicinal à Thuin, le tramway touristique de l’Aisne, le chemin de fer de Sprimont, celui de Rebecq-Rognon et le petit train de La Louvière. Le dossier est arrivé sur le bureau de la ministre wallonne de l’Environnement, l’écologiste Céline Tellier. Qui rétorque: «Le gestionnaire du réseau ferroviaire public Infrabel est la seule société qui a obtenu cette dérogation, mais pour un an, car avec 3.000 km de voies à entretenir, cette société n’est pas encore en mesure de remplir sa mission de transport tout en garantissant la sécurité des voyageurs uniquement en désherbant ses voies à l’aide de méthodes alternatives.»
La ministre rappelle que certains golfs ont demandé également une dérogation sans l’obtenir. Sport de l’élite ou attractions populaires: la règle est la même pour tout le monde.«Céline Tellier, constate Le Soir, ne ferme toutefois pas la porte à un soutien financier pour trouver d’autres alternatives et invite ces associations à se rassembler de nouveau pour étudier les possibilités de collaboration entre elles, voire à inclure d’autres acteurs du rail et des personnes extérieures pouvant amener un regard neuf sur la question. Une réponse envoyée fin août qui a laissé sans voix les gestionnaires de rails touristiques…»
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