Les premiers Grenadier arrivent sous le sapin
Les premiers Grenadier arrivent sous le sapin
Vendredi 3 juillet 2020, séisme industriel et social en Moselle. Alors que la France se déconfine encore et que la crise sanitaire est loin d'être terminée, le groupe automobile allemand Daimler annonce la mise en vente de son site de Hambach, près de Sarreguemines. Une usine symbolique, lieu de production de l'atypique Smart, un projet franco-allemand lancé en grande pompe dans les années 90.
Six mois plus tard, ouf de soulagement et changement de cap. Le groupe britannique Ineos rachète l'usine, avec l'ambition d'y produire non plus une mini-citadine électrique, mais un 4x4 à moteur thermique. 1.300 emplois, sur 1.500, sont préservés. Avec les sous-traitants logistiques, ce sont même plus de 2.000 personnes qui travaillent sur le site.
De la petite Smart à un gros 4x4 en quelques mois
Et moins de deux ans après l'annonce du rachat, le 4x4 en question est bel et bien né. Le premier Ineos Grenadier est sorti de la chaîne de production le 17 octobre dernier. Les premières livraisons approchent. «Les clients qui ont commandé un véhicule vont le recevoir durant la deuxième quinzaine de décembre», précise Philippe Steyer, président d'Ineos Automotive SAS et directeur de l'usine de Hambach. Un beau (et gros) cadeau sous le sapin: l'entrée de gamme se situe à 60.000 euros.
L'ambition, pour l'année prochaine, est de produire 20.000 véhicules, et de monter à 30.000 en 2024.
Philippe Steyer, directeur de l'usine Ineos Grenadier
Ce délai très court entre le rachat et la sortie du premier exemplaire de série est une petite prouesse. D'autant qu'à la suite du rachat de l'usine fin 2020, il y a d'abord eu six mois d'études avant de lancer la transformation du site et la modification des chaînes, pour produire un véhicule aux dimensions diamétralement opposées à celles de la petite Smart. Au final, «entre la première modification visible au niveau de nos ateliers et le démarrage de la production, il s'est passé un peu plus d'un an. Dans l'automobile, c'est plutôt remarquable», note Philippe Steyer.
À Hambach, après ce lancement de la production en série, l'heure est à la «montée en cadence. Dans un premier temps, on est sur un poste au niveau de la production, le poste du matin. En mai 2023, on passera sur deux postes. Cette montée en cadence s'échelonnera jusqu'à octobre-novembre 2023. L'ambition, pour l'année prochaine, est de produire 20.000 véhicules, et de monter à 30.000 en 2024.» Ce sera alors le rythme de croisière. La production de la Smart, quant à elle, est toujours en cours, parallèlement, sur le site. Elle s'arrêtera en 2024.
Un an d'attente pour se mettre au volant
Au niveau des commandes de Grenadier, le groupe ne donne pas de chiffre précis. «On a une couverture (c'est-à-dire une production assurée, NDLR) jusqu'à la fin du premier trimestre de l'année prochaine, souligne néanmoins Philippe Steyer. Et en précommande, on a une couverture sur quasiment douze mois, jusqu'à octobre 2023». Une personne qui commanderait son Grenadier aujourd'hui, devra donc attendre un an avant de pouvoir s'y mettre au volant. «Pour un véhicule que les gens ont encore très peu vu, et en tout cas pas essayé, c'est assez incroyable!», fait remarquer le dirigeant d'entreprise.
Notre véhicule a déjà un certain poids. Rajouter des batteries ne serait pas adapté.
Philippe Steyer, directeur de l'usine Ineos Grenadier
Avec sa production limitée en nombre - comparée à des modèles grand public -, le Grenadier vise clairement un marché de niche, un segment délaissé depuis plusieurs années par le robuste Land Rover. Le véhicule fabriqué à Hambach développe un gabarit impressionnant: près de 5m de long, 1,93m de large, 2,4 tonnes à vide). Une voiture de franchissement avant tout, destinée à dompter les terrains accidentés, les milieux «hostiles».
Des entreprises, des organisations intéressées
D'où le recours à un moteur thermique, à contre-courant de la fièvre électrique qui agite le monde de l'automobile. «Notre véhicule a déjà un certain poids. Rajouter des batteries et des centaines de kilos ne serait pas adapté. C'est d'ailleurs un constat général dans l'industrie automobile pour ce type de modèle». De plus, trouver une borne de recharge en pleine montagne, dans le désert ou la pampa n'est pas forcément chose aisée. Mais cela n'empêche pas Ineos de travailler à une motorisation alternative pour le futur, à partir de l'hydrogène notamment.
Il y a des gens, des organisations, des entreprises qui ont besoin de véhicules de ce type-là comme outil de travail.
Philippe Steyer, directeur de l'usine Ineos Grenadier
Pour l'heure, le Grenadier a séduit uniquement des particuliers. Mais l'ambition est d'atteindre une autre cible. «Sur ce segment-là, il y a des gens, des organisations, des entreprises qui ont besoin de véhicules de ce type-là comme outil de travail. Le pari d'Ineos aujourd'hui est celui-là. On est, par exemple, en contact avec des services de secours, des ONG. C'est toute une partie du business qui va s'ouvrir l'année prochaine», indique Philippe Steyer.
Parallèlement, le réseau de vente et d'entretien se développe. Là encore, vu les volumes et la cible du Grenadier, il ne faut pas s'attendre à en trouver autant que pour les grands constructeurs. En France métropolitaine, on compte 12 points. Et il y en a aussi un au Luxembourg!
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