Les passagers lorrains toujours en mal de TER
Les passagers lorrains toujours en mal de TER
L'invitation annonce assemblée générale, mais ça commence comme une séance de thérapie collective. Chacun des membres de l'AVTERML échange sur ses galères: les trains annulés, bondés, en retard, en panne. Ces liaisons qui, chaque jour, balancent près de 12.000 travailleurs frontaliers d'un côté à l'autre de la frontière. Ces rames qui, année après année, accueillent de plus en plus de monde dans des conditions de moins en moins acceptables. Aussi, depuis 2015, l'Association des Voyageurs du TER Metz-Luxembourg écoute et défend les usagers.
Au fil des remarques remontées par ses 240 adhérents, l'association a fini par devenir un partenaire privilégié de la SNCF, mais aussi de la région Grand Est, l'autorité en charge des transports sur la Moselle et les départements voisins. Et même si la situation est loin d'être au beau fixe, l'AVTERML compte quelques «belles victoires» comme l'accès au TGV pour les frontaliers alors qu'un minimum de TER circulaient en cette période de grève ou encore l'arrêt à Cloche d'Or pour les bus de substitution.
«Désormais, c'est au Luxembourg qu'il faut nous faire entendre», a comme feuille de route pour 2020 la secrétaire générale de l'AVTERML, Aurélie Fischer. Motif: le développement économique ne pourra poursuivre sa route sans améliorer la perfusion quotidienne de sang neuf qui arrive via le rail.
Déjà, l'association a pris contact avec l'OGBL. Histoire de sensibiliser le syndicat sur les galères de ces frontaliers français qui, chaque jour, passent plusieurs heures dans des wagons surchargés, avec l'incertitude d'arriver à l'heure à leur poste ou de retourner sans trop de tourments chez eux le soir. Un message que le bureau de l'AVTERML a aussi fait passer auprès de l'Union des entreprises luxembourgeoises (UEL).
Pour l'association, le patronat luxembourgeois doit avoir conscience que même si des efforts sont faits sur les salaires ou les conditions de travail, un jour leurs employés pourraient leur tourner le dos, par lassitude des retards en gare, par fatigue des heures perdues dans des wagons arrêtés en pleine campagne, par stress d'arriver en retard à son poste. «Il faut bien comprendre que si l'on ajoute les trois heures (ou plus) qu'un salarié français passe dans les transports en commun, le taux horaire luxembourgeois ne devient pas si avantageux», note Aurélie Fischer.
Surtout, pour l'AVTERML, il est temps d'entamer le même dialogue constructif avec les CFL qu'avec la SNCF. Côté français, chaque mois, une rencontre a lieu pour faire le point sur les tracas et les avancées proposées. Aurélie Fischer et les membres du bureau de l'association regrettent qu'il n'en soit pas encore ainsi avec la compagnie de chemin de fer luxembourgeoise. «Mais, au Grand-Duché, les associations d'usagers ne sont pas forcément reconnues comme partenaires, ni habilitées à interpeller l'administration.»
Même attente de voir s'ouvrir la porte du ministre de la Mobilité, François Bausch (Déi Gréng). «Nous comprenons certaines positions du Luxembourg, et apprécions ses engagements de plusieurs millions pour soutenir des investissements d'agrandissement de quais ou d'achats de rames CFL. Mais sachant que le pays va avoir besoin d'encore plus de main-d'œuvre et que le réseau actuel est déjà saturé : que fait-on?"
Et l'AVTERML a plein d'autres sujets à aborder et de suggestions à proposer. Comme la réouverture de la ligne Thionville-Belval-Longwy ou étudier avec les CFL (mais aussi la Ville de Luxembourg pour les bus) la destination finale des usagers du train pour rationaliser horaires des cars et des trains .
«Certains évoquent aussi la possibilité de créer un RER, comme le métro parisien, entre la France et le Luxembourg. Pourquoi ne pas envisager la création d'un GIE (groupement d'intérêt économique) entre CFL et SNCF pour concentrer les moyens sur cet axe essentiel pour nos deux pays?» Après tout, du côté des Alpes, Suisse et France ont su s'allier pour créer le Léman Express. Alors à quand le Moselle-Pétrusse filant sans encombre entre la capitale régionale et sa grande sœur capitale européenne?
