Les inondations wallonnes dans le tourbillon politique
Les inondations wallonnes dans le tourbillon politique
De notre correspondant Max Helleff (Bruxelles) - Le week-end dernier, à Namur, les Fêtes de Wallonie placées sous le signe du covid ont trouvé leurs héros et héroïnes en la personne de bénévoles qui ont porté secours aux sinistrés des inondations des 14 et 15 juillet derniers. Ils ont été décorés pour leur implication au lendemain d’un drame qui a fait 38 morts et touché près de 100.000 personnes en région liégeoise.
A quelques pas de là se déroulent les travaux de la commission d’enquête parlementaire qui cherche à comprendre si la catastrophe aurait pu être évitée. La réponse n’est pas évidente mais, à juger des premières auditions, il est clair qu’une série d’acteurs techniques n’ont pas pris la mesure du drame qui allait se nouer. Mal informés, les bourgmestres n’ont en conséquence pas fait évacuer à temps les zones ravagées.
Selon le parti CDH, l’administration wallonne avait accès, dès le 12 juillet à midi, aux données très inquiétantes de l’Efas (European Flood Awareness System). Un événement majeur était clairement attendu sur l'Ourthe en région liégeoise entre le 13 et le 15 juillet. Parallèlement, l’Institut royal de météorologie aurait tardé à sonner l’«alerte rouge» en raison des procédures en vigueur.
Tout le monde a fait proprement son boulot, écrit en substance Le Soir. «Seul problème: on ne s’est pas beaucoup parlé, au-delà des communications stéréotypées imposées par les procédures. Et surtout, le cadre officiel n’était pas calibré pour un phénomène naturel inédit et aux conséquences potentiellement catastrophiques.»
Un tel constat renverrait à des pratiques engluées dans la routine, qui ne cadrent plus avec la gestion des événements météorologiques extrêmes associés aujourd’hui au réchauffement climatique. L’opinion publique n’a pas attendu la commission d’enquête parlementaire du Parlement wallon pour juger la gestion de la catastrophe. Selon un sondage, les inondations ont accentué le fossé entre le citoyen et la classe politique, largement pointée comme responsable.
Cette dernière ne se laisse pas démonter. Le PS appelle ainsi le fédéral à financer en partie la reconstruction des infrastructures wallonnes détruites par les crues de la mi-juillet. Soit 600 millions d’euros. Le chantier global, lui, est désormais évalué à trois milliards d’euros. Cette demande fait des remous en Flandre où l'attitude socialiste est perçue comme une manière de se dégager des responsabilités régionales en faisant appel à la «solidarité nationale». Les socialistes gouvernent la Wallonie avec les écologistes et les libéraux.
Au nord du pays, les nationalistes profitent de l’aubaine pour demander d’échanger l’argent réclamé contre de nouvelles réformes politiques que concéderaient les francophones à la Flandre. Ce troc, qui s’est invité à plusieurs reprises au cours des dernières décennies dans les réformes de l’Etat, a un nom : la «doctrine Maddens», du nom du professeur de la KULeuven qui l’a inspirée. «Quelle est la part ici de la responsabilité wallonne dans la catastrophe ?», s’interroge la radio publique francophone La Première.
«Elle n’est pas nulle : dans la prévention, la gestion de crise ou dans l’après-crise. Mais elle n’est pas non plus décisive, au sens où l’essentiel du problème est lié au caractère exceptionnel des pluies. En outre, même si la Wallonie avait les performances économiques et les marges budgétaires de la Flandre, elle ne pourrait que très difficilement faire face seule. Appliquer la doctrine Maddens ici, relèverait d’un cynisme absolu… »
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