Les bodycams, garde-fous controversés des policiers
Les bodycams, garde-fous controversés des policiers
Filmer ou être filmé? Le débat est relancé au Luxembourg, cinq jours après le décès par balle d'un trentenaire au cœur d'Ettelbruck. En effet, si dans ce genre de dossier l'inspection générale de la police (IGP) dispose parfois de vidéos amateurs, plusieurs voix s'élèvent en faveur de l'instauration de bodycams dans l'équipement policier.
«De toute façon, les agents sont filmés en permanence par le public en cas d'intervention», indique Pascal Ricquier, président du syndicat national de la police grand-ducale, au micro de RTL. D'après lui, le dispositif léger de vidéosurveillance permettrait aux enquêteurs d'avoir des images nettes pouvant constituer des éléments de preuve, en faveur ou non des agents. Des données non négligeables alors que l'IGP multiplie les enquêtes sur les éventuels dysfonctionnements de la police grand-ducale. Et que la justice enquête aussi de son côté.
Reste à savoir si les policiers concernés appuieront ou non sur le bouton déclenchant le dispositif, même si la situation leur est défavorable. Car ces caméras, pas plus grandes que la paume de la main, filment en permanence mais l'enregistrement de ces images reste au bon vouloir des agents.
C'est notamment sur cet aspect que doit se pencher le ministère de la Sécurité intérieure. Celui-ci étudie la manière dont les données enregistrées vont être «stockées, traitées et supprimées», indiquait en juin le ministre de tutelle, Henri Kox (déi Gréng).
Si cette absence de réglementation retarde le déploiement du dispositif au Grand-Duché, les forces de l'ordre de certains lands allemands l'ont d'ores et déjà adopté. C'est le cas par exemple en Sarre où les policiers connaissent «clairement ce qui peut et ne peut pas être fait», assure Andreas Rinnert au Luxemburger Wort. Sans s'étendre sur la question du déclenchement de l'enregistrement, le président du syndicat du district de la Sarre insiste: la constitution de preuve «n'est pas le but premier» des bodycams.
Déployées depuis 2018 dans le land voisin, ces caméras piétons visent avant tout à «désamorcer des situations de violence», précise le syndicaliste. Ainsi, l'objectif de la caméra, la mention «documentation vidéo» sur les uniformes des agents et l'avertissement verbal obligatoire lors du déclenchement suffiraient à entraîner «un changement de comportement et à tuer dans l'œuf les situations tendues».
Comme le land allemand, la France a décidé d'étendre le dispositif à l'échelle nationale en équipant progressivement ses agents de 30.000 appareils à partir du 1er juillet. En revanche, la question divise encore côté belge. Si certaines provinces comme Liège et Namur ou la ville de La Louvière ont déjà lancé une phase d'essai, la province de Luxembourg attend «une réglementation bien précise» avant tout déploiement, indiquait en mars Jean-Yves Schul, chef de corps de la zone d'Arlon.
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