Le zoo d'Amnéville accusé de pollution sauvage
Le zoo d'Amnéville accusé de pollution sauvage
(AA) - Salaires démesurés, liste noire des employés, enveloppes de cash, rejets sauvages dans la forêt... Les éléments reprochés à la direction du zoo d'Amnéville dans une enquête de France Bleu, mercredi, sont graves. Depuis 2011 et la mort du directeur adjoint, les irrégularités dans la gestion des ressources humaines et des finances se seraient multipliées sur le site basé sur la zone de loisirs d'Amnéville, en difficulté financière.
C'est une liste symptomatique de la gestion autoritaire de l'établissement. 214 noms, dont de nombreux salariés, figurent sur une «black list» tenue par plusieurs employés de l'administration et mise en ligne par France Bleu. Certains y sont qualifiés d'«éléments perturbateurs», au côté de dizaines d'autres personnes soupçonnées d'être «sympathisants d'associations animalistes», «anti-cirque» ou «anti-zoo».
Si certains salariés sont épinglés par la liste noire, d'autres sont récompensés par des voyages dispendieux aux frais du zoo. «Trois semaines de vacances tous frais payés» aux quatre coins du monde pour dix employés choisis par Michel Louis, le patron des lieux, selon France Bleu. Des pratiques discutables qui ont mené à 120 saisines du conseil des prud'hommes, notamment pour licenciements abusifs.
Autre signe d'une gestion douteuse des finances, une partie des salaires serait remise en liquide à certains membres du personnel. Un dresseur évoque ainsi «10% de son salaire» payé en cash. A cette habitude s'ajoutent des salaires parfois démesurés. Un proche du directeur cite, par exemple, le cas d'une «caissière payée plus de 3.000 euros» mensuels.
L'environnement n'est pas épargné non plus. Des centaines de mètres cubes de rejets sauvages sortent de tuyaux installés par le zoo et aboutissant dans la forêt d'Hagondange. Des eaux usées qui contiendraient parfois «des produits détergents comme du chlore ou de l’acide chlorhydrique», comme l'affirme un employé.
Quand l'eau n'est pas tout simplement rejetée en pleine nature sans autorisation, elle est gâchée par négligence. Quelque 100.000 litres seraient ainsi perdus tous les jours, en raison d'une fuite dans le bassin des otaries. Un problème connu depuis... 1998.
Bien qu'aucun cas de maltraitance d'animaux ne soit connu, une pratique dérangeante aurait cours à Amnéville. Celle d'enterrer certains animaux sur le terrain de l'entreprise, pour économiser les coûts d'équarrissage. Un éléphant, un boa et un puma auraient été, entre autres, concernés par cette pratique.
Pour le directeur du zoo, Michel Louis, toutes ces révélations seraient «bidon» et le fruit d'«un complot» ourdi contre lui. Afin de se «protéger en cas de liquidation» de l'entreprise qu'il dirige, le chef d'entreprise a lui-même saisi le conseil de prud'hommes. Une audience qui se tiendra le 3 février 2020 à Metz.
