Cattenom 1 ne redémarrera pas en 2022
Cattenom 1 ne redémarrera pas en 2022
Une épaisse fumée blanche sortant simultanément des quatre réacteurs de la centrale nucléaire de Cattenom est une image que l'on ne risque pas de revoir de sitôt, à en croire l'autorité de sûreté nucléaire (ASN). L'institution française a rendu son avis sur le redémarrage du réacteur n°1, que le directeur du site espérait bien voir intervenir à l'automne.
Un souhait que vient réduire à néant la note d'information de l'ASN, publiée ce jeudi 3 novembre. Au vu des informations qui lui ont été transmises par EDF, l'administration estime que deux soudures doivent faire l'objet de réparations avant que l'unité de production puisse être remise en service. En effet, les contrôles suite aux suspicions de corrosion sous contrainte ont mis en évidence des fissures d'une profondeur maximale de 4,7 et 6,1 mm.
Alors qu'EDF envisageait un redémarrage du réacteur n°1 pour une durée de huit mois, avant de réaliser les travaux de réparation nécessaires en 2023, l'ASN considère que «la tenue des tuyauteries affectées par ces deux indications n’est pas acquise». La réparation des soudures concernées doit donc impérativement être effectuées avant le redémarrage, aux yeux de l'autorité de sûreté.
Le fournisseur d'énergie a annoncé prendre acte de la demande de l'ASN, dans un communiqué rendu public à la mi-journée, vendredi 4 novembre. Pour pouvoir effectuer ces travaux «dont le périmètre précis sera établi dans les prochains jours», une organisation doit encore être déterminée. EDF a cependant d'ores et déjà indiqué que la date provisionnelle de redémarrage du réacteur serait le 26 février 2023.
Le réacteur n°3 également concerné
D'autres soudures présentant des fissures moins importantes ne sont pour leur part pas concernées par cette réparation à caractère urgent. Elles ne pourront cependant «être maintenues en l'état» que «pour une durée limitée». À noter qu'EDF s'était engagé à remplacer l'ensemble des tuyauteries du système d'injection de sécurité sensibles à la fissuration lors de l'arrêt du réacteur programmé en 2023.
De son côté, le réacteur n°3, qui devait être remis en service en décembre, ne sera pas opérationnel non plus avant 2023. Pour rappel, des indications de corrosion sous contrainte d'une profondeur maximale d'1 à 2mm avaient été repérées, et ont donc engendré des contrôles étendus. En raison des travaux devant avoir lieu sur l'unité de production n°1, EDF a été contraint de mettre à jour la durée d'arrêt de Cattenom 3, qui ne redémarrera pas non plus avant le 26 février prochain.
Pour sa part, le réacteur n°4, dont les contrôles n'ont pas révélé de signe de corrosion sous contrainte, va pouvoir être redémarré cette année, dès le 21 novembre, les opérations de rechargement du combustible s'étant achevées. Jusque là, seul le réacteur n°2 fonctionne et produit de l'électricité.
Cattenom n'est pas la seule centrale du parc nucléaire français à faire l'objet d'un arrêt prolongé. Ainsi, les réacteurs de Penly 2 et de Chooz B1 ont également vu leurs redémarrages décalés au 29 janvier, alors que leur reconnexion au réseau national devait intervenir les 13 et 23 novembre prochains.
La moitié des réacteurs français indisponibles
Ajoutés à un mouvement social, ces arrêts prolongés ont forcé le groupe EDF à revoir son estimation de production d'électricité nucléaire à la baisse pour 2022. Alors que l'entreprise prévoyait de produire entre 280 et 300 térawattheures, la fourchette a été abaissée entre 275 et 285, indique un communiqué publié jeudi 3 novembre dans la soirée. À noter que les estimations de la production nucléaire en France pour 2023 et 2024, respectivement chiffrées à 300-330 TWh et à 315-345 TWh, restent inchangées.
Cattenom, Penly et Chooz sont cependant loin d'être les seules centrales à poser problème au fournisseur d'énergie. En effet, près de la moitié des 56 unités de production du parc nucléaire français sont à l'arrêt pour des opérations de maintenances prévues, ou des problèmes de corrosion.
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