Le programme Interreg veut être plus proche des habitants
Le programme Interreg veut être plus proche des habitants
Une foule d'acteurs politiques, économiques, associatifs, administratifs de la Grande Région était réunie ce lundi à l'abbaye de Neimënster. Ensemble, ils ont tiré le bilan du programme Interreg qui se termine, et planté les jalons de celui qui s'ouvre. Pour rappel, il s'agit d'un programme européen de coopération entre différentes régions. Il existe depuis plus de 30 ans. En Grande Région, cela se traduit, sur le terrain, par une multitude de projets transfrontaliers financés, en grande partie, par des subventions Feder de l'Union européenne.
Ainsi, Interreg V a permis de mener à bien, sur la période 2014-2020, 75 projets entre Luxembourg, France, Allemagne et Belgique. Cela représente 233 millions d'euros d'investissements au total, dont 133 millions d'euros de fonds Feder. Ces projets ont mobilisé près de 500 «opérateurs»: pêle-mêle des collectivités, des associations, des institutions, des clubs sportifs ou encore des écoles...
Quels sont ces projets au juste? Par exemple, le réseau de pistes cyclables de 27 km pour relier les gares de Longwy, Messancy, Athus, Rodange, Lamadelaine et Pétange; mais aussi la station d'épuration de l'Eisch Amont, commune à onze villages et 15.600 habitants belges et luxembourgeois dans le secteur de Steinfort; ou encore le Bi-bus, ce bus transformé en bibliothèque roulante pour aller à la rencontre des écoliers de Moselle et Sarre et ainsi faire la promotion du bilinguisme. Les domaines d'intervention sont variés, et les projets de plus ou moins grande envergure.
On fait de très beaux projets, mais on est encore trop loin des citoyens.
Claude Turmes, ministre luxembourgeois de l'Aménagement du territoire
S'ils concernent, dans de nombreux cas, directement le quotidien des habitants de la Grande Région, ces réalisations restent néanmoins peu identifiées et connues du grand public. «On fait de très beaux projets, mais on est encore trop loin des citoyens», résume Claude Turmes, ministre luxembourgeois de l'Aménagement du territoire. Dans la construction des projets aussi, des critiques ont été formulées par les acteurs de terrain, notamment des dossiers difficiles à constituer, avec encore trop d'obstacles administratifs.
Trois modèles à suivre et développer
Un des principaux objectifs du programme Interreg VI qui s'ouvre est donc de simplifier les procédures. Et, surtout, d'aller vers davantage de proximité pour mener les projets. Claude Turmes évoque «un saut qualitatif pour se rapprocher des citoyens en utilisant les pouvoirs locaux».
La Grande Région va donc instituer et s'appuyer sur ce qu'elle appelle des «zones fonctionnelles». Derrière ce terme, rien de révolutionnaire, il s'agit des bassins de vie. Et donc un recours à des organismes mieux ancrés sur les différents territoires transfrontaliers.
Ces zones fonctionnelles doivent être un saut qualitatif pour se rapprocher des citoyens en utilisant les pouvoirs locaux.
Claude Turmes, ministre luxembourgeois de l'Aménagement du territoire
Trois de ces «zones fonctionnelles» existent même déjà: il s'agit de l'Eurodistrict entre Moselle-Est et Sarre; de l'espace franco-luxembourgeois Alzette-Belval; et enfin de l'Entwicklungskonzept Oberes Moseltal (EOM) entre Luxembourg, Rhénanie-Palatinat et Sarre. Des modèles à suivre, en quelque sorte. Ainsi, six autres «zones fonctionnelles» vont être mises sur pied, par exemple entre le Luxembourg, la communauté germanophone de Belgique et la Rhénanie-Palatinat; ou encore en deux voire trois endroits entre Luxembourg et Wallonie.
La priorité pour une Grande Région «plus verte»
Les projets transfrontaliers retenus dans le cadre de ce programme Interreg Grande Région VI, qui va s'étaler jusqu'en 2027, vont bénéficier de fonds européens Feder à hauteur de 182 millions d'euros. Outre cette simplification des démarches via les «zones fonctionnelles», deux priorités se détachent clairement, avec chacune une enveloppe de 51 millions d'euros.
Il s'agit, d'une part, de rendre la Grande Région «plus sociale». Cela doit se traduire par des infrastructures transfrontalières ayant un impact sur le marché du travail, et notamment les 250.000 travailleurs frontaliers du territoire. Ou encore par des infrastructures pour développer la formation continue, et des projets facilitant l'accès aux soins, peu importe le pays.
Nous ne sommes pas concurrents, nous devons travailler les uns pour les autres.
Thomas Linnertz, de l'ADD Trèves
D'autre part, et en tête de liste, figurent l'environnement et le développement durable, pour une Grande Région «plus verte». Avec des projets voués à protéger la nature et la biodiversité, bien évidemment, mais pas seulement. «Nous sommes dans une crise énergétique très importante, mais nous avons une ressource locale à valoriser», explique ainsi Philippe Henry, ministre du Climat, de l'Énergie, des Infrastructures et de la Mobilité de Wallonie, en parlant du bois, et en souhaitant qu'une véritable filière transfrontalière, en circuit court, soit mise sur pied.
Être un territoire uni et solidaire
Reste désormais à lancer ces différents projets. Les premiers seront définis et retenus dans les semaines à venir. Avec une finalité: en faire bénéficier les habitants, peu importe le pays. «Cette coopération est importante car elle permet d'offrir des solutions à nos concitoyens. Nous ne sommes pas concurrents, nous devons travailler les uns pour les autres», conclut Thomas Linnertz, président de l'Aufsichts- und Dienstleistungsdirektion de Trèves, organisme qui fait le lien entre le Land et les communes.
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