Le plan d'action de Cattenom ne passe pas la frontière
Le plan d'action de Cattenom ne passe pas la frontière
Cattenom, comme quelque 450 centrales nucléaires dans le monde, doit faire plus de prévention sur une zone plus vaste. Cette obligation, fruit d'un retour d'expérience après la catastrophe de Fukushima, oblige EDF à communiquer sur un territoire de 20 km autour des quatre réacteurs en service, contre 10 km par le passé.
Le nouveau périmètre inclut désormais non seulement 112 communes lorraines mais aussi une partie du Grand-Duché, jusqu'aux portes de la capitale. Il comprend également un bout de territoire sarrois.
Cette extension du plan particulier d'intervention (PPI) relève d'une mesure administrative et ne «correspond pas à un accroissement du risque», comme le souligne la Préfecture de la Moselle. Cependant, aucune collectivité du Grand-Duché ne fait partie de l'actuelle consultation publique menée sur les nouvelles mesures de ce PPI.
Jusqu'au 22 septembre, seuls les habitants des 112 villes et villages lorrains peuvent consulter le futur dispositif dans leur mairie.
Un dispositif commun
Pour Luc Feller, haut-commissaire à la Protection nationale, rien d'anormal à cette situation. «Il faut se rassurer : des deux côtés de la frontière, la même approche est adoptée en cas d'incident grave à la centrale. Le processus d'alerte des populations, d'évacuation, de mise à l'abri du danger de contamination ou de distribution de pastilles d'iode s'avère commun. Cela même si le timing peut être décalé chez l'un ou l'autre», note le responsable luxembourgeois.
Les deux voisins assurent donc séparément l'information et la prise de mesures préventives auprès de leurs populations respectives. Dès lors, par exemple, même si la France relancera cet automne une campagne de distribution de pastilles d'iode aux résidents du secteur des 20 km, le Grand-Duché n'a pas l'intention de faire de même.
«La précédente distribution à l'échelle nationale a eu lieu en 2014-2015. Elle avait permis de diffuser dans tout le pays quelque 200.000 boîtes de pastilles d'iode stable. Ces comprimés sont encore loin d'être périmés», assure Luc Feller. En France, la dernière campagne remonte à 2016 mais n'avait concerné que 41 communes, celles situées à 10 km des tours de Cattenom.
Des stocks suffisants
Au Grand-Duché, les nouveaux habitants ou les entreprises souhaitant distribuer ces pastilles à leurs salariés ont toujours la possibilité de se procurer les précieuses boites. Il suffit soit de se rapprocher de sa commune, soit de la Direction de la radioprotection au ministère de la Santé pour s'en procurer.
Pour l'heure, le stock de comprimés conservés par les crèches, écoles, maisons relais et mairies du pays reste toujours suffisant pour répondre à la demande éventuelle.
Cet automne, l'ombre de la centrale de Cattenom planera aussi au-dessus des travaux parlementaires. L'ordre du jour de la Chambre prévoit de revenir sur le projet de loi 7221, déjà débattu en commission en juin dernier. Le texte, porté par la ministre de l'Environnement Carole Dieschbourg (Déi Gréng), consiste à augmenter la possibilité d'action légale contre l'exploitant d'une centrale nucléaire en cas d'accident et nuisance sur la santé des citoyens.
Pour rappel, le Luxembourg souvent critique par rapport à la politique nucléaire française, dispose de trois places à la Commission locale d'information de la centrale EDF mosellane. Depuis 2012, le Grand-Duché y est représenté par un membre du Haut-commissariat à la Protection nationale, un représentant du ministère de la Santé et un autre du Syvicol (syndicat des villes et communes luxembourgeoises).
