Le Luxembourg fera pression pour plus de contrôles à Cattenom
Le Luxembourg fera pression pour plus de contrôles à Cattenom
Elle n'a pas fini de donner des cheveux blancs aux dirigeants politiques luxembourgeois. Quelques semaines seulement après l'arrêt de son réacteur n°3 en raison de suspicions de corrosion, la centrale nucléaire de Cattenom devrait à nouveau faire l'objet d'un arrêt. Cette fois-ci, son unité de production n°1 est concernée, fait savoir EDF dans une note d'information publiée le 19 mai.
Sont touchés plus particulièrement les tuyaux du circuit d'injection de sûreté du réacteur. Ces derniers sont utilisés afin de refroidir le cœur de l'unité de production en cas d'incident. Ces tuyaux seront donc vérifiés l'année prochaine. «À ce stade pour 2022, EDF considère qu'il n'est pas nécessaire d'anticiper de nouveaux arrêts de réacteurs pour réaliser ces contrôles», fait savoir le producteur d'énergie, indiquant que l'arrêt intermédiaire de Cattenom 1 sera programmé lors du premier trimestre 2023. Un arrêt qui pourra s'étaler sur 25 semaines, prévient EDF.
Une décision qualifiée de «surprenante» par Roger Spautz, chargé de campagne nucléaire de Greenpeace France et Luxembourg. «L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et EDF avaient encore récemment essayé de rassurer en déclarant que des contrôles lors des troisièmes visites décennales des réacteurs 1 et 2 n’avaient pas mis en évidence d'éléments pouvant s’apparenter à de la fissuration par corrosion sous contrainte», souligne l'ONG dans un communiqué publié le lendemain de l'annonce.
Déjà huit semaines d'arrêt
Actuellement, douze des 56 réacteurs que compte le parc nucléaire français font l'objet de mises à l'arrêt ou de prolongation d'arrêts programmés, afin d'étudier et, si besoin, de réparer ce défaut. Pour rappel, ce problème de corrosion peut, s'il n'est pas endigué, provoquer des fissures, et ainsi rendre le système de sécurité inopérant. Sur le sujet, EDF se veut rassurante, l'entreprise ayant élaboré et présenté à l'ASN un plan d'arrêt de ses réacteurs en toute sûreté, «y compris en cas de perte de deux des quatre lignes des circuits d’injection de sécurité».
Parmi les réacteurs concernés se trouve donc l'unité de production n°3 de la centrale nucléaire mosellane, à l'arrêt depuis le 26 mars dernier, soit huit semaines, au lieu des cinq pendant lesquelles devaient initialement se dérouler les contrôles. Cattenom 3 fait notamment partie des huit réacteurs priorisés faisant l'objet d'investigations comprenant le découpage des parties du circuit d'injection concernées, dans le but de procéder au recontrôle des soudures.
Cette succession d'annonces ne manque pas d'inquiéter le gouvernement luxembourgeois, qui milite assidûment pour la fermeture de la centrale. Alors que cette dernière devait être fermée entre 2023 et 2031, sa durée de vie a été prolongée jusqu'en 2035. «Dans quelques semaines, une commission franco-luxembourgeoise pour l'énergie nucléaire se réunira. Le sujet de la corrosion sera à l'ordre du jour», a déclaré un porte-parole du ministère de l'Énergie à nos confrères de Delano ce lundi.
Trois millions de foyers alimentés
Un sujet sur lequel le ministre Claude Turmes (déi Gréng), ne manquera pas de faire pression. Son objectif: que l'ensemble des réacteurs soient contrôlés pour ce problème de corrosion. «Nous ferons pression pour que tout soit vérifié.» Cette réunion, le gouvernement luxembourgeois l'avait sollicitée en urgence au mois d'avril, lors de l'annonce de suspicion de corrosion sur le réacteur n°3.
Aux côtés du ministère de l'Environnement, le ministère de l'Energie avait alors demandé une révision de la durée de vie de la centrale, qui a organisé il y a quelques jours une simulation d'incident technique en collaboration avec divers partenaires luxembourgeois. Pour rappel, la centrale mosellane alimente à elle seule l'équivalent de trois millions de foyers en électricité, soit 70% des besoins de la population de la région Grand Est.
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