Le Grand Est veut conserver ses soignants avec une prime
Le Grand Est veut conserver ses soignants avec une prime
Que ce soit en Belgique ou en France, la pénurie de soignants et plus particulièrement d'infirmières se fait davantage ressentir au fil du temps. En cause notamment, le Luxembourg voisin, bien plus attractif, qui parvient à attirer du personnel au-delà de ses frontières. Une sacrée concurrence contre laquelle la France et la Belgique ont toutes les peines du monde à tenir la dragée haute. Cela dit, l'agence régionale de santé du Grand Est entend bien lutter à armes égales pour conserver ses soignants sur son territoire.
Comment? Tout simplement grâce à la mise en place d'un «contrat d'allocation d'études» (CAE) pour l'ensemble des étudiants infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, manipulateurs d'électroradiologie médicale et élèves aides-soignants de la région Grand Est. Ce contrat doit permettre de financer l'ensemble ou une partie des études des bénéficiaires via une prime variant entre 6.000 et 8.000 euros chaque année. Ce même montant pouvant atteindre la coquette somme de 16.000 euros.
En retour, l'étudiant s'engage à rester travailler dans l'établissement partenaire avec lequel il a signé le contrat pour une durée de deux ou quatre ans en fonction de la prime reçue.
Des profils aussi recherchés par le Luxembourg
Une initiative louable mais qui ne fait pas forcément les affaires du Luxembourg, en recrutement constant de personnel soignant. «Les ministres soussignés ont effectivement connaissance de l'initiative lancée par l’agence régionale santé Grand Est», explique la ministre de la Santé Paulette Lenert (LSAP), dans une réponse parlementaire à une question de la députée Cécile Hemmen (LSAP).
La ministre confirme par ailleurs que les profils visés par cette mesure sont également ceux qui sont recherchés au Luxembourg: aide-soignants, masseurs-kinésithérapeutes, infirmiers ainsi que les assistants techniques médicaux de radiologie.
Dès lors, le Luxembourg entend bien continuer à encourager les étudiants à s'orienter vers une carrière au Grand-Duché et ainsi gonfler les rangs des quelques 19% des soignants résidents dans le Grand Est (dont une majorité exercent le métier d'infirmier). La ministre a notamment rappelé l'existence de ce projet de loi devant permettre l'indemnisation des stages de formation des professions réglementées. «Parallèlement, le ministère de la Santé constitue actuellement un dossier pour assurer le financement des indemnités à payer dans le cadre de ces stages de formation dès la mise en vigueur du projet de loi précité», a assuré Paulette Lenert.
De plus, le mois dernier, le ministère de la Santé a lancé une large campagne de promotion des professions de santé avec, dans un premier temps, la mise en place d'un site internet dédié. «Cette campagne vise à valoriser et à promouvoir les professions de santé de manière générale, à présenter les différentes facettes de ces professions ainsi que les secteurs de la santé dans lesquels les professionnels exercent et les possibilités d’évolution de carrière. La diffusion de la campagne via notamment les canaux sociaux vise particulièrement le jeune public afin de lui faire connaître ces professions et leurs opportunités. Luxembourg.»
L'exemple belge, pas une grande réussite
Reste à savoir si cette fameuse prime française parviendra à convaincre les étudiants à exercer dans leur pays et ainsi éviter l'exode massif. Rappelons qu'en début d'année, la province belge de Luxembourg, confrontée au même problème de pénurie, annonçait le versement d'une prime de 7.000 euros pour toute nouvelle recrue infirmière jusqu'en septembre 2023 avec, comme dans le Grand Est, l'obligation aux nouveaux venus de rester au moins trois ans dans l'intercommunale de soins.
L'initiative avait, dans un premier temps, provoqué un tollé parmi les infirmières déjà en place et exclues de cette prime. La pilule avait d'autant plus de mal à passer que 3 ans, c'est bien souvent le temps nécessaire pour former une infirmière et c'est généralement le nombre d'années d'expérience requises pour pouvoir être engagée au Grand-Duché.
Le projet a-t-il finalement porté ses fruits? Si 60 infirmières ont pu profiter de cette prime, la pénurie semble s'être davantage accentuée, l'intercommunale de soins de la province belge accusant un déficit au niveau des infirmiers de 180 équivalents temps plein...
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