La Grande Région, victime collatérale du coronavirus ?
La Grande Région, victime collatérale du coronavirus ?
Recours au chômage partiel, extension de divers congés spéciaux ou mise en place du télétravail constituent quelques-unes des réponses mises en oeuvre par les pays européens pour faire face à une crise du covid-19 inédite par son ampleur. Des mesures pourtant loin d'avoir été coordonnées à 100% au niveau européen. Et ce qui est vrai à l'échelle des 27 l'a sans surprise été à l'échelle de la Grande Région, pourtant censée fonctionner de manière plus agile sur un territoire bien plus réduit.
Des décalages dans les mesures appliquées que dénonce le Conseil syndical interrégional de la Grande Région (CSIGR) qui regrette que «les décideurs politiques donnent de mauvais signaux en outrepassant (...) toute forme de concertation sociale». En ligne de mire de la structure représentative de huit organisations syndicales allemandes, belges, françaises et luxembourgeoises, l'introduction de la hausse de la durée maximale du temps de travail introduite notamment au Luxembourg, au grand dam de l'OGBL et du LCGB.
Mais aussi le recours aux fermetures des frontières comme solution sanitaire, en plein 25e anniversaire des accords de Schengen. Pour Jean-Claude Bernardini, président du CSIGR, ces deux mesures résument à elles seules le fonctionnement actuel de la Grande Région. A savoir une entité «trop peu concrète pour le plus grand nombre» et qui n'est «pas réellement prise en compte lors de la prise de décisions». Autant de raisons qui poussent le syndicaliste à dénoncer les choix effectués comme «une occasion ratée» pour donner un nouveau souffle et une nouvelle direction à un espace où vivent quelque 12 millions de personnes.
Sans surprise, Corinne Cahen (DP), ministre de la Grande Région, réfute ces critiques, estimant que la crise actuelle a été «l'occasion de renforcer les collaborations et les solidarités». Une référence non seulement aux différents accords trouvés en faveur du télétravail des frontaliers mais aussi aux transferts au Grand-Duché de patients venus de la région Grand Est, particulièrement touchée par le coronavirus.
Interrogée sur les enseignements politiques à tirer pour améliorer la coordination entre les quatre pays impliqués dans la Grande Région, Corinne Cahen estime que «l'équilibre entre des instances décisionnaires proches du terrain et des instances plus éloignées doit être maintenu» afin de «tirer le mieux possible des différents systèmes en place». Autrement dit, conserver un système où le Grand-Duché et ses régions avoisinantes peuvent bénéficier du soutien et du poids politique de Berlin, Bruxelles ou Paris tout en conservant une relative autonomie.
Seul accroc à ce que la ministre qualifie de «relation qui fonctionne», la question de la fermeture des frontières, décidée de manière unilatérale. Raison pour laquelle il faut «continuer à parler avec des hommes et des femmes qui sont loin de notre réalité pour leur expliquer les enjeux spécifiques d'un territoire transfrontalier». Sur ce point, syndicats et gouvernement luxembourgeois se rejoignent.
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