La folle année des prix à la pompe
La folle année des prix à la pompe
Longtemps, le Luxembourg a attiré de très nombreux usagers de la route - certains faisant de très nombreux kilomètres - dans ses stations-service. Avec les carburants et leurs prix attractifs comme produits d'appel, et les cigarettes et l'alcool pour compléter le panier.
Le jour où le diesel a pris 38 centimes
Mais ce 10 mars 2022 marque certainement un tournant, une petite révolution et une sérieuse remise en cause de ce que l'on appelle communément «le tourisme à la pompe». Ce jour-là, les prix des carburants explosent. Dans les heures qui précèdent l'entrée en vigueur des nouveaux tarifs, c'est la cohue dans les stations luxembourgeoises, prises d'assaut.
Dans les jours qui suivent, la pression retombe un peu, mais la tendance inflationniste reste prégnante. Certes, les prix élevés ne datent pas de ce fameux 10 mars 2022. Qu'il semble loin le temps où le litre de diesel s'affichait à moins d'un euro. Le 5 mai 2020, au plus fort de la pandémie de covid-19, il était même descendu à 0,835 euro.
Des fluctuations permanentes
Mais depuis, la courbe ne faisait que grimper. Ainsi, le 1ᵉʳ janvier dernier, les prix à la pompe n'avaient déjà plus rien de comparables avec ceux pratiqués quelques mois auparavant.
Au cours du premier trimestre, la hausse se poursuit. Plusieurs raisons expliquent alors cette flambée: taxe carbone et accises en hausse; poids du dollar par rapport à l'euro; hausse du cours du pétrole sur les marchés; guerre en Ukraine... L'explosion tarifaire du 10 mars n'est finalement que le coup de grâce.
Depuis le printemps, les prix des carburants font le yo-yo, flirtant à nouveau avec les sommets au début de l'été avant une petite accalmie, puis un rebond douloureux pour les porte-monnaie en octobre, et enfin une décrue appréciée depuis mi-novembre.
Qu'en sera-t-il en 2023? Se risquer à un pronostic dans un contexte mondial aussi incertain est un exercice périlleux. Mais on sait d'ores et déjà qu'à partir de ce 1er janvier, il faudra compter avec une nouvelle hausse de la taxe carbone. «Concrètement, les prix des carburants à la pompe devraient s'en ressentir légèrement avec une hausse potentielle de 1,2 à 1,4 centime par litre», indique l'ACL.
Les stations-service luxembourgeoises ont donc souffert en 2022. Selon le Statec, les ventes de carburant ont chuté de 10% entre janvier et novembre. Par moments, la tendance s'est même inversée avec certains pays frontaliers, au gré des fluctuations et, surtout, des ristournes accordées par les États.
Par exemple, le 1er septembre, lors de l'entrée en vigueur de la ristourne de 30 centimes en France (et jusqu'à 50 centimes dans les stations TotalEnergies), voici les prix que l'on pouvait retrouver en station.
À ce moment-là, il était donc nettement plus avantageux de faire le plein en France qu'au Luxembourg, et le «tourisme à la pompe» a encore pris un sérieux coup derrière la tête. Mais la grève dans les raffineries, entre autres, a plombé cet avantage français. Depuis, la situation s'est à nouveau renversée, en faveur du Grand-Duché.
Et cela ne devrait pas changer dans les semaines à venir. En effet, le temps des derniers rabais à la pompe est en passe d'être révolu: les ristournes de 10 centimes par litre dans les stations françaises et 17,5 centimes dans celles de Belgique prendront fin ce 31 décembre.
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