La commune de Mont-Saint-Martin charge François Bausch
La commune de Mont-Saint-Martin charge François Bausch
«Que les choses soient claires, la commune de Mont-Saint-Martin n'est en rien responsable de la fermeture des lignes du RGTR après 18h30.» Le ton est donné par Serge De Carli. Le maire de la commune française frontalière souhaitant couper court aux rumeurs revenant avec insistance ces derniers mois sur les réseaux sociaux.
En effet, rappelons que depuis le 19 septembre dernier, les lignes transfrontalières des bus RGTR 703 et 732 reliant Mont-Saint-Martin au Luxembourg ont été suspendues. La faute à plusieurs caillassages et agressions commises à l'encontre des bus concernés ainsi que de leurs chauffeurs qui déploraient cette insécurité dans nos colonnes au début de ce mois-ci.
Serge De Carli reconnait ces faits et ne le cache pas. «Je condamne ces actes de la manière la plus ferme qui soit et la sécurité de tous les usagers de ces bus ainsi que des chauffeurs ne se discute pas. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que Mont-Saint-Martin a été la première ville vidéo-protégée du secteur avec des dizaines de caméras. Les événements qui nous occupent aujourd'hui nous suggèrent d'ailleurs de renforcer ce système de vidéosurveillance. Nous avons déjà été confrontés à des problèmes similaires par le passé, sur les lignes du TGL (transport du grand Longwy), et nous étions parvenus à les endiguer grâce à la police.»
Des solutions existent selon la commune
Toutefois, le maire estime que des solutions existent afin de remettre en place ces lignes «cruciales», selon ses propres dires, tout en garantissant la sécurité des chauffeurs et des usagers. Mieux encore, il a semble-t-il cherché à les faire valoir auprès du ministre de la Mobilité, François Bausch (déi Gréng), ce dernier étant derrière la décision de suspension. Malheureusement, Serge De Carli explique s'être retrouvé face à un mur. «Je n'ai jamais été sollicité vis-à-vis de cette décision. Après des demandes répétées, nous avions finalement obtenu une rencontre avec le ministre Bausch vendredi dernier, au Kirchberg.»
Des frontaliers ont littéralement peur de perdre leur emploi car ils ne peuvent plus se déplacer sur leur lieu de travail.
Serge De Carli, maire de Mont-Saint-Martin
Un entretien qui ne s'est pas forcément passé comme prévu. «On m'a finalement fait savoir que le ministre serait absent. Étant présent à Paris dans le cadre du congrès des maires, c'est mon 1er adjoint qui s'est rendu sur place. Ce dernier a été reçu par un ''technicien'' du cabinet de la Mobilité luxembourgeois (Il s'agissait de Sergio Prado, responsable des bus RGTR de l'administration des transports publics, NDLR), ce qui n'a pas permis de déboucher sur des pistes concrètes.»
Parmi ces pistes, la commune plaide notamment pour des arrêts alternatifs qui éviteraient de passer par les rues où les caillassages ont eu lieu, le temps pour la police de mettre la main sur les fauteurs de trouble. «Je pense à un arrêt sur le boulevard de Metz ainsi qu'à proximité de l'Auchan. Certes, les usagers devront marcher un peu plus, mais cela serait déjà beaucoup moins contraignant qu'à l'heure actuelle, où des frontaliers ont littéralement peur de perdre leur emploi, car ils ne peuvent plus se mouvoir.»
De nombreux frontaliers dans une situation difficile
Il y a effectivement urgence pour les quelques 30% d'habitants de la commune française qui travaillent au Luxembourg. «Et parmi cette population de travailleurs frontaliers, il y a beaucoup de femmes vivant seules et effectuant notamment des tâches ménagères en soirée, dans des entreprises au Luxembourg. Elles sont donc des centaines à être privées de mobilité depuis septembre et doivent trouver des solutions au jour le jour afin de pouvoir se rendre sur leur lieu de travail.»
Ce qui se passe aujourd'hui est injuste et constitue un véritable coup de canif à cet espoir de coopération entre les villes du bassin transfrontalier et le Luxembourg
Serge De Carli, maire de Mont-Saint-Martin
Bref, un manque «flagrant de coordination entre l'État luxembourgeois et les villes frontalières», pour le maire. «Surtout au regard de la mobilité douce prônée dans l'agglomération des trois frontières dans le cadre de la transition écologique», tance Serge De Carli. «De notre côté, on travaille de manière active sur cette question transfrontalière. Certes, nous bénéficions du pouvoir d'achat des Luxembourgeois et des frontaliers, mais le Luxembourg profite aussi de notre main-d'œuvre. Ce qui se passe aujourd'hui est injuste et constitue un véritable coup de canif à cet espoir de coopération entre les villes du bassin transfrontalier et le Luxembourg.»
C'est ainsi que la commune de Mont-Saint-Martin a pris un certain nombre d'initiatives afin de faire entendre sa voix face au Luxembourg et plus particulièrement le ministère de la Mobilité.
La plus notable d'entre elles est sans doute une pétition pour le rétablissement de ces lignes «Nous avons également sollicité la présidence du pôle métropolitain frontalier qui devrait également prendre contact avec le ministre Bausch afin de lui faire part de nos propositions qui pour le moment restent sans réponse. Nous comptons également faire remonter le sujet à l'Assemblée nationale, et donc jusqu'à la Première ministre Elisabeth Borne.» Une chose est donc claire: Mont-Saint-Martin n'a pas dit son dernier mot.
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