La Belgique réforme ses pensions a minima
La Belgique réforme ses pensions a minima
De notre correspondant Max Helleff (Bruxelles) - La ministre socialiste Karine Lalieux s'était engagée à ce que sa réforme des pensions passe la rampe avant le 21 juillet, jour de Fête nationale. Elle a tenu parole. Mais à quel prix ?
Dans la nuit de lundi à mardi, après un énième round de négociations intensif, le gouvernement du Premier ministre belge Alexander De Croo a accouché d'une nouvelle réforme des pensions. Nouvelle, puisqu'un précédent exercice du genre avait déjà eu lieu sous la législature pilotée par le libéral francophone Charles Michel. C'est alors que l'âge de la retraite avait été repoussé de 65 à 67 ans (à partir de 2030). Cette fois encore, il était question de réviser le régime en place afin de garantir sa soutenabilité dans le futur et de faire face au papy-boom.
La ministre Karine Lalieux avait promis une réforme généreuse, qui saurait conjuguer les chiffres avec le bien-être d'une population vieillissante. Selon les points de vue, ce but a été atteint ou, au contraire, escamoté.
Un leitmotiv : qui travaillera plus longtemps verra sa carrière valorisée par une meilleure pension. Un nouveau «bonus pension» est introduit pour inciter les travailleurs à ne pas prendre de retraite anticipée. Il est question selon les premières indications d'un montant de 300 à 500 euros nets par année supplémentaire. Rapportée sur une base quotidienne, cette somme est plutôt maigre (2 à 3 euros supplémentaires par… jour), mais le signal est là.
Karine Lalieux parle d'un bonus avantageux et d'une revalorisation du temps partiel dans le calcul de la pension minimum. Sont plus particulièrement visées les femmes qui ont arrêté de travailler pour veiller à l'éducation des enfants. Le gouvernement entend faire travailler plus longtemps les Belges afin de tenter d'atteindre les 80% de taux d'emploi chers à la Commission européenne.
La question du nombre d'années de travail nécessaires pour accéder à la pension a longuement alimenté les débats. Selon l'accord obtenu, l'accès à la pension minimum sera conditionné pour la première fois en Belgique à une carrière effective de 20 ans, à minimum 4/5e temps. Les malades de longue durée seront également soumis à ce régime, avec certains bémols.
La ministre Karine Lalieux explique que la mesure concerne de nombreuses femmes, que les congés de maternité et d'allaitement seront considérés comme du travail effectif. L'un des objectifs poursuivis par la coalition Vivaldi est la réduction des inégalités entre les femmes et les hommes en termes de pensions.
Les perdantes de la négociation sont en revanche la pension à temps partiel, qui aurait pu compenser la pénibilité de certains métiers, et la carrière limitée à 42 ans pour les personnes qui ont travaillé à partir de 18 ans. Elles sont recalées. Aux partenaires sociaux de s'en saisir.
«Pas assez loin»
Les partis gouvernementaux ont bien sûr fait assaut de satisfaction au terme de l'accord. Certains commentateurs estiment toutefois que les socialistes francophones, qui avaient promis monts et merveilles, sortent battus de la négociation. Pour le président du Mouvement réformateur (libéral francophone), Georges-Louis Bouchez, «cette réforme des retraites ne va certainement pas assez loin si l'on veut garantir le financement de notre modèle mais constitue un pas important dans la bonne direction avec une plus grande valorisation de l'effort: 20 ans de travail effectif pour la pension minimale!».
Un grand compromis entre partis avait été annoncé pour assurer la soutenabilité des pensions. Il s'agit au contraire d'un accord a minima, soulignent plusieurs commentateurs.
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