La bande de covoiturage s'avère être un fiasco
La bande de covoiturage s'avère être un fiasco
Fruit d'un investissement de 12.650.000 euros de la Sofico et de sept mois de chantier, la bande de circulation réservée au covoiturage sur l'autoroute E411 entre Arlon et Sterpenich ne rencontre pas le succès attendu auprès des 47.170 travailleurs frontaliers belges. Inaugurée le 7 mai, cette «troisième voie», réservée aux véhicules transportant au minimum trois personnes, et où la vitesse est limitée à 50 km/h, est supposée désengorger une portion d’autoroute accueillant chaque jour en moyenne 40.000 véhicules.
Si la Sofico (Société de financement complémentaire des infrastructures) préfère attendre un an pour dresser un premier bilan, Laurent Mertz, secrétaire général de l'Aleba, qui fréquente quotidiennement ce tronçon, voit «au maximum deux, trois véhicules emprunter cette bande alors que le reste du trafic est embouteillé», s'étonne-t-il chez nos confrères de La Meuse. Pire, le secrétaire général de l'Aleba trouve cette bande de covoiturage «dangereuse» et en tire la conclusion peu flatteuse que «ce projet est ridicule au niveau de l’investissement et de l’utilisation qui en est faite.»
Rappelons que ce tronçon Arlon-Sterpenich représente l'un des deux projets pilotes de ce type mis en œuvre en Région wallonne, avec celui, long de quatre kilomètres, entre Wavre et Rosières en direction de Bruxelles. Mais là aussi, selon les dires de Benoît Godart, porte-parole de l’institut VIAS, dans les colonnes de La Meuse, «je la fréquente régulièrement et je vois sa non-utilisation.»
Ces réalisations s’intègrent dans la vision «Fast 2030» du Gouvernement wallon, et la Région wallonne dispose de deux ans pour tester ces nouveaux dispositifs, mais, déplore Laurent Mertz, «il n’y a eu aucune concertation avec les autorités luxembourgeoises pour prolonger cette bande sur le sol grand-ducal.»
Côté grand-ducal, comme l'avait précisé le 6 mai dernier François Bausch (Déi Gréng), le ministre de la Mobilité et des Travaux publics, ce n'est qu'en 2021 qu'est censé débuter le chantier du système de couloir de covoiturage et de bus sur l’autoroute A6, dans le prolongement du tronçon belge. Quant à la mise en service effective du dispositif, elle est prévue pour 2023. Ce projet fait partie intégrante de la stratégie Modu 2.0, qui prévoit pour 2025 de réduire la congestion du trafic aux heures de pointe tout en transportant 20% de personnes de plus qu’en 2017.
Ce flop côté belge n'est en tout cas pas de nature à décourager l'initiative au Luxembourg, puisqu'on assure, du côté du ministère de la Mobilité, que l'«on va continuer dans la même optique, car nous croyons au système de covoiturage, mais à condition de disposer des infrastructures adéquates.»
D'ailleurs, embraye Danielle Frank, la chargée de communication dudit ministère, «notre application "Copilote" lancée en septembre 2018 a connu un très gros succès dès le début, avant de se tasser par la suite, mais cela s'explique par le fait que beaucoup d'utilisateurs y avaient alors trouvé leur compte, et n'avaient donc plus besoin d'elle.»
