France et Belgique améliorent leur coopération en matière de sécurité civile
France et Belgique améliorent leur coopération en matière de sécurité civile
Faire fi des frontières pour pouvoir sauver des vies. Telle est la substance d'un nouvel accord, baptisé convention d'assistance et secours en zone frontalière, signé vendredi 10 mars entre la France et la Belgique. Concrètement, ce document vise à mettre en œuvre une coopération plus étroite entre les sapeurs-pompiers des Ardennes, de la Meuse et de la Meurthe-et-Moselle, et les services d'incendie et de secours des provinces de Namur et de Luxembourg.
Cette coopération en matière de sécurité civile est loin d'en être à ses débuts. «Nous avons toujours collaboré, en ayant ce que l'on appelait à l'époque des accords de comptoir», glisse Olivier Schmitz, gouverneur de la province de Luxembourg. La professionnalisation accrue du secteur, combinée aux évolutions des besoins des populations locales, ont fait naître la nécessité de mettre en place un cadre juridique afin d'améliorer ce processus d'intervention.
Un cadre juridique qui est d'abord né à Helsinki, en 2019, lors de la signature d'un arrangement administratif. De cet accord global, quatre conventions locales ont ensuite été signées entre chacun des trois départements français et les deux provinces belges concernées. «Nous avons la chance d'avoir des traités internationaux lassant la place à des subsidiarités, nous permettant de définir des stratégies spécifiquement liées au territoire», souligne Olivier Schmitz.
40 interventions par an
Chaque année, une quarantaine d'interventions sont déjà comptabilisées entre les Ardennes et la zone de secours Dinant-Philippeville en province de Namur. «L'aide adéquate la plus rapide est déployée en quelques minutes, et sans accord administratif, une telle réactivité de part et d'autre de la frontière serait impossible», indique Denis Mathen, gouverneur de la province de Namur.
Mais l'objectif est bel et bien de renforcer cette coopération, en améliorant le processus de prise en charge des victimes de la route, d'incendie, ou d'autres accidents courants survenant dans la zone frontalière. «Cet accord correspond à des besoins évidents, notamment à celui d'assurer le même service dans les territoires ruraux que dans les zones urbaines», poursuit Olivier Schmitz.
Au-delà de la frontière, ce sont les procédures qui peuvent s'ériger en véritables obstacles. En plus de simplifier ces dernières, cette nouvelle convention prévoit également l'organisation de formations et d'exercices entre les professionnels des deux pays. Lors de ces rendez-vous, les équipes partageront leurs connaissances, et seront amenés à rechercher leurs complémentarités dans les moyens mis en œuvre. «L'idée est de conforter la coopération pour que les interventions se poursuivent sereinement», résume Denis Mathen.
Les inondations de juillet 2021 sont une illustration concrète des bienfaits de cette coopération. Si l'aide décidée à l'échelle inter-États a permis l'envoi d'une cinquantaine de plongeurs français pour port assistance aux victimes belges, l'aide locale a, elle aussi, apporté une aide non négligeable aux provinces touchées. «Pendant que les pompiers belges géraient cette catastrophe, il n'y avait pas moins de problèmes de routine. Le déploiement des trois services départementaux d'incendie et de secours français a permis d'assurer l'assistance à ces victimes», rappelle le gouverneur de la province de Luxembourg.
La police aussi
Ensemble, Belgique et France se préparent aussi à gérer les incidents pouvant survenir à plus long terme. «Comme nous avons pu le constater cet été, la recrudescence des incendies est un risque qui va s'accentuer pour nos territoires. L'idée est donc de se préparer, d'échanger, et d'encourager les formations mutuelles face à ce risque commun», indique Marie Aubert, préfète déléguée pour la défense et la sécurité Est.
Ce vendredi 10 mars, les différents représentants des deux États ont par ailleurs célébré les 10 ans de la signature de l'accord «Tournai II». Plus ancien, ce document régit pour sa part la coopération policière entre les deux voisins. S'il concerne toujours les deux provinces belges de Luxembourg et de Namur, davantage de départements français prennent part à cette collaboration. Aux départements des Ardennes, de la Marne et de la Meurthe-et-Moselle se rajoutent la Meuse et la Moselle.
«Cette spécificité s'explique en raison de la connexion des réseaux routiers de circulation des différents départements», explique Raphaël Kowalski, chef de l'état-major de la direction centrale de la sécurité publique de la Moselle. Dans le cadre de cette coopération, les forces de l'ordre des deux pays interviennent sur des événements de grande envergure avec des patrouilles mixtes, et réalisent des opérations de contrôles conjoints.
Ensemble, Belgique et France se préparent aussi au pire. Le 8 septembre 2022, un exercice grandeur nature a été réalisé, visant à assurer le déploiement coordonné de dispositifs de contrôle des frontières communes, en cas de fuite des auteurs d'un acte criminel grave. À noter que la France et le Luxembourg ont également signé leur propre plan d'alerte aux frontières, en novembre 2021.
«Ce test plan d'alerte aux frontières franco-belges a permis de tirer plusieurs enseignements pour améliorer le dispositif afin que la réponse policière soit efficace, sans que la frontière ne constitue un obstacle», fait savoir Marie Aubert. D'autres exercices auront lieu pour peaufiner cette réponse commune.
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