Feu vert pour l'écotaxe alsacienne
Feu vert pour l'écotaxe alsacienne
(BaL avec AFP) - Les poids lourds de plus de 3,5 tonnes devront se soumettre à une écotaxe en Alsace. La mise en oeuvre de cette contribution locale «préfigurera bien les travaux pour les autres collectivités volontaires qui feront l'objet d'un processus ad hoc», a affirmé la secrétaire d'Etat chargée de la Biodiversité Bérangère Abba, rappelant que la loi Climat «permettra d'exporter sa mise en place dans d'autres régions».
Créée en 2019, la Collectivité européenne d'Alsace (CeA) est formée des conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. Elle dispose de nouvelles compétences qui tiennent compte de la spécificité frontalière de l'Alsace. Ce jeudi, le Sénat a adopté trois ordonnances, qui organisent le transfert à la CeA et à l'Eurométropole de Strasbourg de la propriété des routes et autoroutes non concédées de leur territoire.
Après le fiasco d'une écotaxe nationale sous le quinquennat Hollande, ces compétences vont surtout permettre la mise en place en Alsace d'une écotaxe locale sur le transport routier de marchandises, dans l'espoir de juguler le trafic de camions qui sature les axes du sillon rhénan. L'Alsace est en effet victime du report d'une partie du transport de marchandises depuis l'Allemagne en raison d'une écotaxe mise en oeuvre outre-Rhin en 2005, la «LKW-Maut». Résultat, les transporteurs préfèrent utiliser les routes françaises gratuites plutôt que de payer la taxe.
Une mesure attendue par les Alsaciens
Le Sénat, qui avait le premier examiné le texte en novembre, l'a adopté sans modifications en deuxième lecture, malgré les rectifications opérées par l'Assemblée nationale, afin de ne pas retarder son adoption. Les députés se sont notamment opposés à la possibilité de mettre en place des dispositifs de contrôle automatique qu'avaient votée les sénateurs en première lecture.
Le projet de loi a été définitivement adopté par 247 voix contre 66. Le groupe socialiste a été le seul groupe à s'y opposer. «Enfin», s'est exclamé le centriste Claude Kern (Bas-Rhin), tandis qu'Elsa Schalck (LR, Bas-Rhin) affirmait qu'il «répond à une réalité territoriale frontalière», avec «des mesures attendues depuis fort longtemps par les Alsaciens».
Le socialiste Olivier Jacquin a en revanche dénoncé «le ferment de la division de la région Grand Est». Pour l'élu de la Meurthe-et-Moselle, «le défaut majeur» de ce texte est de déplacer le problème «du sillon rhénan au sillon lorrain». La Lorraine «subira le report de trafic», a-t-il affirmé.
Cette crainte, les élus locaux mosellans et meurthe-et-mosellans l'expriment depuis longtemps. Déjà saturées, l'autoroute A31, mais également sa petite soeur luxembourgeoise, l'A3, ne seraient pas en mesure d'accueillir un surplus de véhicules. Au total, 90.000 à 110.000 véhicules qui circulent déjà chaque jour sur cet axe nord-sud, principalement emprunté par les travailleurs frontaliers.
Lors de la première lecture du texte en novembre, les sénateurs lorrains s'étaient appuyés sur l'argument des prix attractifs des carburants au Luxembourg, susceptible d'encourager les transporteurs étrangers à emprunter l'axe lorrain. Mais les demandes d'une mise en place d'une écotaxe sur l'A31 n'avaient pas été retenues. Le président de la région Grand Est, Jean Rottner (Les Républicains), s'était quant à lui positionné en faveur d'une écotaxe pour l'ensemble des dix départements de la région.
