En route vers une écotaxe pour l'A31
En route vers une écotaxe pour l'A31
Lassés de voir transiter par leur région un flux incessant de poids lourds, les élus alsaciens ont fait le choix d'instaurer une écotaxe. Et le projet devrait se concrétiser dès 2021 pour tout camion étranger empruntant les autoroutes locales. Mais, côté lorrain, des craintes apparaissent d'un possible report de cette circulation vers le grand axe Nord-Sud le plus proche, donc l'autoroute A31. Aussi, à leur tour, les élus du Sillon Lorrain entendent travailler sur l'instauration du même impôt sur les trois départements traversés par la grande sœur de l'A3.
Il serait ainsi question de pister les camions via les fameux portiques (mis en place du temps de la ministre de l'Environnement Ségolène Royal, avant 2013) et qui n'étaient jamais entrés en fonction. Aussi, les maires Pierre Cuny, François GrosDidier, Mathieu Klein et Patrick Nardin envisagent-ils d'envoyer une motion au ministère des Transports et à celui des Territoires à Paris afin que le réseau lorrain soit placé sous le même statut que l'A35 alsacienne.
Il s'agit là d'une question d'égalité entre les territoires, estime pour sa part Pierre Cuny, maire de Thionville et actuel président du Sillon Lorrain. Mais l'écotaxe aurait aussi comme avantage, pour l'Etat et les collectivités locales, de faciliter le financement de nouvelles infrastructures devenues indispensables pour faciliter la mobilité quotidienne de centaines de milliers d'usagers. Que ce soit via des investissements routiers (l'A31 bis par exemple) mais aussi dans les transports en commun (rail et bus prioritairement).
«En ce qui concerne le tronçon Thionville-Luxembourg, l'idée est de placer un péage. Il faut bien que quelqu'un paie. Que ce soit les Lorrains ou ceux qui sont en transit qui paient l'extension de ce réseau routier ne me choque absolument pas», avance frontalement Pierre Cuny. Pas certain que la mesure ainsi posée soit acceptée toutefois par les transporteurs locaux, même si l'éventuelle pénalité financière impacterait principalement les poids lourds étrangers. Une «compensation» pourrait alors être délivrée aux locaux ou aux sociétés nationales.
Entre deux pleins de carburant
Ceux qui sont visés, comme le dit l'élu mosellan au micro de France Bleu Lorraine, «font le plein juste avant la frontière française et traversent le pays sans dépenser un kopeck avant de refaire le plein en Espagne». Le nouveau maire de Nancy, Mathieu Klein, voit aussi dans cette possible manne le moyen de financer des aménagements environnementaux, comme la diminution des nuisances sonores en lien avec le flux de véhicules ou l'intégration du ruban de bitume dans les différents secteurs traversés. Actuellement, l'A31 voit passer sur son axe Thionville-Toul de l'ordre de 100.000 véhicules par jour, dont plus de 10% sont des camions.
Mais toutes ces bonnes intentions pourraient bien finir dans une impasse. En effet, pareille demande d'écotaxe pour l'A31 dans sa portion lorraine a déjà été évoquée au Parlement. Et plusieurs sénateurs de la région ont déposé un amendement en ce sens la semaine passée, raccordant ce texte à l'expérimentation tentée en Alsace pour cinq ans. Mais Bruxelles pourrait tacler la proposition. Pointant éventuellement du doigt que cette écotaxe aurait un caractère discriminant et brouillerait les règles de concurrence à l'égard des sociétés de transport étrangères.
Même le gouvernement français d'ailleurs se fait discret sur le dossier. Préférant que la question soit directement tranchée par les instances européennes. Mais, pour l'heure, les élus du Sillon Lorrain restent motivés dans leur démarche. Ils en rediscuteront même lors de leur prochaine réunion, le 1er octobre. D'ici là, les villes de Thionville, Metz, Nancy et Epinal entendent rallier à leur cause d'autres «poids lourds» politiques. A savoir les présidents des trois départements traversés par l'A31: Moselle, Meurthe-et-Moselle et Vosges.
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