Elio Di Rupo redevient le premier Wallon
Elio Di Rupo redevient le premier Wallon
De notre correspondant Max Helleff (Bruxelles) - Le socialiste Elio Di Rupo est devenu jeudi et pour la troisième fois ministre-président de la Région wallonne. A 68 ans, l’actuel président du PS s’installe à nouveau à l’Elysette à Namur où il succède au libéral Willy Borsus.
Ce retour marque également celui des socialistes au pouvoir dans le sud de la Belgique. En juillet dernier, ils avaient déjà conforté leur position à Bruxelles, cette fois avec la reconduction à la ministre-présidence de Rudi Vervoort.
Déjà maître des coalitions
La désignation d’Elio Di Rupo à la ministre-présidence wallonne n’est pas une surprise. Dès le 26 mai, jour du triple scrutin fédéral-régional-européen, le Montois avait pris les commandes des négociations qui allaient mener cette semaine à la formation d’un gouvernement unissant les socialistes aux libéraux et aux écologistes.
Di Rupo a du métier à revendre en matière de coalition: c’est lui qui, en 2011, après 541 jours de négociations, avait réussi l’exploit de donner à la Belgique un gouvernement fédéral n’incluant pas la très puissante N-VA nationaliste flamande de Bart De Wever.
Une «obligation de résultats»
Jeudi, les militants des trois partis au pouvoir ont donné leur imprimatur à l’accord de gouvernement. Ce fut une formalité, même chez Ecolo où l’on s’attendait à des hauts cris, une partie de la base jugeant l’accord de coalition insuffisant.
Au PS, Elio Di Rupo a retracé l’historique des négociations qui viennent de s’achever. «Nous avons désormais une obligation de résultats», a-t-il jugé en rappelant les objectifs économiques, sociaux et environnementaux de son nouveau gouvernement. «Nous sommes à la hauteur de l’événement.»
Trois portefeuilles au Mouvement réformateur
Puis, il a littéralement broyé les communistes du PTB – l’adversaire juré du PS «à la gauche de sa gauche» - qui ont refusé de monter dans le bateau gouvernemental. «Le PTB a choisi la désertion et le confort du verbiage. Il est frappé d’irresponsabilité et d’indignité. Une fois encore, le PTB a démontré que le progrès social se construit sans les communistes. C’est le PS qui le porte», s’est exclamé Elio Di Rupo.
Côté casting, le Mouvement réformateur (toujours présidé par Charles Michel) enlève trois portefeuilles de ministre. Willy Borsus prend en charge l’Economie et le Commerce extérieur, Valérie De Bue décroche la Fonction publique, Jean-Luc Crucke aura la responsabilité du Budget et des Finances.
Chez les socialistes, la Liégeoise Christie Morreale sera en charge de l’Emploi, de l’Action sociale, de la Santé et de l’Egalité des chances. Pierre-Yves Dermagne s’occupera des Pouvoirs locaux et du Logement. Enfin, les écologistes ont désigné Céline Tellier, une femme issue de la société civile et actuellement patronne d'Inter-Environnement Wallonie, à l'Environnement. Philippe Henry prend le Climat, la Mobilité, les Infrastructures et l'Energie.
L’accord gouvernemental wallon marque aussi la réconciliation des partis socialiste et libéral. En juin 2017, le Mouvement réformateur avait pris la ministre-présidence au socialiste Paul Magnette en bénéficiant d’un coup de poker tenté par l’humaniste Benoît Lutgen pour tenter de sauver son parti – le CDH.
Le PS était alors en pleine tourmente, l’objet de plusieurs scandales. Le MR n’avait pas hésité à saisir l’occasion, au risque d’empoisonner un peu plus la relation haineuse qui s’était établie avec les «rouges» lorsque Charles Michel avait choisi de s’allier au fédéral avec la N-VA de Bart De Wever.
Cette réconciliation a un prix: c’est le régionaliste Pierre-Yves Jeholet, ministre wallon sortant de l’Economie, qui devient le patron de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). Cette institution veille essentiellement à la culture, au sport et à l’enseignement francophones.
Hier, les libéraux ont dit eux aussi leur satisfaction au terme des négociations qui les marient désormais aux socialistes et aux écologistes. Dans leur trésor de guerre, on trouve la promesse qu’il n’y aura pas d’impôt nouveau, le relèvement du taux d’emploi de 5% ou encore une Wallonie résolument tournée vers les investisseurs. Le défi climatique est pour les libéraux une opportunité, susceptible d’orienter la Région vers une économie plus verte.
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