Des signes de corrosion ont bien été retrouvés à Cattenom
Des signes de corrosion ont bien été retrouvés à Cattenom
La centrale nucléaire de Cattenom n'a visiblement pas fini d'inquiéter le Luxembourg. Cette centrale, et en particulier son réacteur n°3. Ce dernier, sortant tout juste d'une visite décennale ayant duré plusieurs mois en 2021, a à nouveau été source d'inquiétude au premier trimestre de 2022. Mis à l'arrêt depuis le 26 mars pour une durée prévisionnelle de cinq semaines, il faisait l'objet de suspicions de corrosion, comme plusieurs réacteurs nucléaires français du même type.
Des suspicions qui se sont avérées être justes, si on en croit l'alerte donnée par une source syndicale au site d'informations spécialisé dans la question des marchés énergétiques, Montelnews, qui a ensuite été confirmée par EDF dans un communiqué. L'entreprise a ainsi annoncé avoir trouvé des «indications possibles de corrosion sous contrainte» sur les circuits auxiliaires de pas moins de quatre réacteurs: Cattenom 3, Chinon 3, Flamanville 2 et Golfech 1.
Ces signes de corrosion ont été détectés lors d'imageries ultrasons de certaines parties de la tuyauterie des unités de production de Cattenom, Chinon et Flamanville. «Les investigations se poursuivent pour caractériser la nature et l'origine», ajoute EDF. Par ailleurs, les inspections effectuées sur le circuit d'injection de sécurité de Golfech 1 durant sa maintenance planifiée ont également permis de détecter les mêmes signes.
Neuf réacteurs touchés
En octobre dernier, l'entreprise avait détecté un possible problème de corrosion similaire dans trois de ses centrales: Civaux, Chooz et Penly. Les réacteurs de la centrale de Cattenom, située à quelques kilomètres seulement de la frontière luxembourgeoise, correspondent à la même génération que ceux de Penly. Au total, ce sont donc neuf des 56 unités de production qui sont touchées par ce défaut. Tous ces réacteurs sont donc actuellement à l'arrêt pour que leur inspection se poursuive. Pour rappel, l'Autorité nucléaire française (ASN), avait qualifié cette corrosion suspectée de «grave».
C'est à cette autorité administrative que le gouvernement luxembourgeois avait demandé des explications et des clarifications suite à l'arrêt du réacteur n°3 de Cattenom. La semaine dernière, les ministères de l'Environnement et de l'Energie ont à nouveau fait part de leurs inquiétudes par voie de communiqué. Dans ce dernier, ils indiquent avoir adressé une lettre commune au directeur général de l'Autorité de sûreté nucléaire, Olivier Gupta, pour «exiger tous les détails et les résultats de l'analyse effectuée par EDF dès que possible».
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a de son côté fait savoir ce mercredi qu'elle disposera «courant mai» de résultats d'expertises qui permettront d'acter si ce problème de corrosion concerne également un réacteur d'EDF appartenant à la famille la plus répandue dans le parc français. Dans le cas où le défaut était confirmé sur un réacteur de 900 MW (32 unités de production en France), ce serait l'ensemble des familles du parc français qui serait atteint.
La production nucléaire au plus bas
Les ministres luxembourgeois Carole Dieschbourg (déi Gréng) et Claude Turmes (déi Gréng) cherchaient principalement à obtenir des éclaircissements sur les raisons des problèmes de la centrale, et en particulier savoir si un «défaut matériel ou un défaut de conception» est à blâmer et «quelles sont les conséquences qui en résultent pour les autres réacteurs du site de Cattenom.»
Alors que la centrale mosellane alimente à elle seule l'équivalent de trois millions de foyers en électricité, soit 70% des besoins de la population de la région Grand Est, l'arrêt du réacteur n°3 a été prolongé de plusieurs semaines. En se multipliant à l'échelle nationale, ces arrêts non planifiés ont forcé EDF à réduire sa production nucléaire annuelle, qui tombe à son plus bas niveau depuis 30 ans.
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