Des bus de substitution Thionville-Luxembourg à l'été 2024
Des bus de substitution Thionville-Luxembourg à l'été 2024
Mardi soir, à l'hôtel de région de Metz, s'est déroulé le Corest du sillon lorrain nord. Corest ? C’est l'acronyme de comité régional des services de transport, instance qui réunit les opérateurs du réseau (SNCF et CFL), des élus et agents de la région Grand Est en charge du TER, des usagers, des associations… Cette réunion a surtout permis de faire le point sur la ligne TER Metz-Luxembourg et de confirmer que cela ne va pas forcément s'améliorer dans les prochains mois. Au contraire...
Des statistiques surprenantes
Selon les chiffres présentés, la régularité des TER sur la ligne Metz-Luxembourg affiche un taux presque parfait de 99,2%. Oui, vous avez bien lu… À noter que les trains sont considérés à l’heure quand ils affichent un retard de moins de 5 minutes et que cette régularité concerne uniquement le parcours sur le territoire français. Concernant la ponctualité en fin de parcours, qui intègre quant à elle le segment luxembourgeois de la ligne, elle est de 89%, contre une moyenne régionale située autour de 96%. Enfin, 717 trains ont été supprimés, sur les quelque 22.000 qui ont circulé sur la ligne.
Détail important: tous ces chiffres ont été arrêtés au 30 septembre. Avant, donc, le démarrage des travaux entre Thionville et Zoufftgen, à l'origine d'une modification des horaires et de nombreux désagréments pour les usagers. «Aujourd'hui, ces statistiques seraient moins bonnes», a d'ailleurs lancé une usagère présente dans la salle.
Vous n'imaginez pas le stress que cela engendre.
Un usager du TER, à propos des perturbations récurrentes
Des chiffres à l'inverse de la réalité des usagers
Avant même de présenter ces statistiques qui - c'est le moins que l'on puisse dire - interpellent, Jérôme Béchereau, de la SNCF, a déminé le terrain. «Les statistiques ne sont pas le reflet de ce que vous vivez au quotidien, nous le savons très bien.» Cette galère récurrente sur la ligne, un usager l'a résumée ainsi: «Vous n'imaginez pas le stress que cela engendre, à la fois de voir son train supprimé, mais aussi d'imaginer à quel point sera rempli le suivant.»
Pour une autre voyageuse quotidienne, membre de l'association des voyageurs du TER Metz-Luxembourg (AVTERML), «ces statistiques n'ont pas de sens, car elles ne prennent pas en compte les ruptures de charge qui ont un impact sur le ressenti». C'est-à-dire les correspondances que peuvent avoir les usagers, et qui se compliquent avec les retards ou modifications d'horaires.
Travaux entre Thionville et Zoufftgen jusqu'à fin mai
Depuis le début du mois de novembre, les usagers ont également vu les horaires de leurs trains modifiés: avancés le matin en direction du Luxembourg et retardés le soir dans le sens des retours. En cause: des travaux de renouvellement des voies et du ballast entre Thionville et Zoufftgen. Ils sont réalisés de nuit, mais obligent les trains à réduire leur vitesse sur ce tronçon en journée. Le trajet Metz-Luxembourg est ainsi allongé de 7 minutes. À partir du 11 décembre, légère amélioration: ce ne sera plus que 3 minutes, la nouvelle fiche horaire - du 11 décembre au 15 janvier - est disponible depuis cette semaine.
À l'entame de ce chantier, Olivier Genevaux, de SNCF Réseau, nous confiait que ces travaux allaient se poursuivre au premier trimestre 2023. Ce sera même plus long que cela: mardi soir, la fin du chantier a été annoncée pour la fin du mois de mai 2023 avec, en prime, des travaux similaires qui vont avoir lieu entre Novéant et Metz à partir de janvier, avec un impact pour les voyageurs du tronçon Nancy-Metz.
Au rayon des chantiers, celui de la mise en accessibilité de la gare de Hettange-Grande, qui aurait dû se terminer ce 30 novembre, va finalement durer jusqu'au mois de mars.
Thionville-Bettembourg, tronçon critique sans solution
Ce qui ressort surtout de cette réunion du Corest, c'est le profond décalage entre les discours tenus par la SNCF ou la région Grand Est d'un côté, les usagers de l'autre. Les premiers sont conscients des problèmes, mais mettent en avant les améliorations attendues... à l'horizon 2028-2030, une fois que tous les aménagements et matériels seront opérationnels aussi bien côté français que luxembourgeois. «Et 2028, en temps ferroviaire, c'est demain», assure-t-on.
De l'autre, les usagers ont des considérations à plus court terme, et s'interrogent sur certains projets. Par exemple, pourquoi l'idée d'un sas «fret» sur le tronçon critique entre Bettembourg et Thionville, évoquée il y a plusieurs années, n'a-t-elle pas avancé? Pourquoi, à l'occasion des travaux actuels entre Thionville et Zoufftgen, n'a-t-on pas pensé à intégrer un aiguillage sur ce tronçon à deux voies, afin de faire basculer des trains si une voie est bloquée ? La SNCF rétorque que de tels aménagements, entre la réflexion et la réalisation, sont très longs à mettre en œuvre.
Monter dans le TGV, c'est non!
Autre considération très terre à terre évoquée par les usagers. Pourquoi ne pas mettre en place un abonnement TGV qui donnerait le droit, à ceux qui le souhaitent et peuvent se le permettre, d'emprunter le TGV entre Luxembourg et Metz? En effet, mis à part le vendredi en fin de journée, ces trains offrent pas mal de sièges libres sur ce tronçon. Actuellement, monter à bord d'un TGV Luxembourg-Metz pour un usager du TER est uniquement possible sur autorisation, en cas de grosses perturbations. «Le prix d'un abonnement TGV n'est pas celui du TER», souligne-t-on côté SNCF. «Je pense que des gens sont prêts à payer pour cette tranquillité», rétorque une usagère. Mais TGV, entité à l'intérieur de la SNCF, refuse catégoriquement cette alternative pour l'instant.
Les parkings, une denrée de plus en plus rare à Thionville
Se garer aux abords de la gare de Thionville est très compliqué, notamment depuis la neutralisation d'un espace de stationnement pour la construction du futur parking silo (qui sera payant). Et cela le sera encore plus dans les prochains mois, avec les différents travaux autour de la gare, qui vont entraîner la suppression d'autres endroits. Une réflexion est encore en cours pour trouver des alternatives.
Pour un usager présent à la réunion, l'une d'elles pourrait être la réouverture des gares entre Bouzonville et Thionville. Actuellement, ce secteur est desservi par bus. Mais, cette zone géographique est de plus en plus prisée par les travailleurs frontaliers, qui s'y installent en nombre et se rendent donc en voiture jusqu'à la gare de Thionville. Rouvrir ces petites gares permettrait, selon l'usager, mais aussi des élus du pays bouzonvillois présents, de réduire le trafic sur les routes et le nombre de voitures autour de la gare. Un vœu pieux pour l'instant. Le fameux «temps ferroviaire»...
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
