Bettembourg, «terminus tout le monde descend!»
Bettembourg, «terminus tout le monde descend!»
(Charles Michel avec Pascal Mittelberger) - Gare de Metz, 7h31. En ce lundi matin, il ne reste presque plus aucune place assise dans la rame. Certains finissent leur nuit, d'autres consultent leur portable tandis que deux collègues de travail évoquent LE sujet du jour. On tend l'oreille. Âgée d'une quarantaine d'années, la femme appréhende: «On va voir comment ça circule avec les bus. Mais si c'est trop compliqué, je prends des jours de congés en plus des vacances que j'ai déjà posées, j'ai assez de stock pour ça.»
Son collègue, lui, se veut plus rassurant: « Mais non, ils ont dit qu'il y aura des bus toutes les trois minutes, ça va aller. Et puis il va y avoir moins de monde que d'habitude, c'est les vacances.» Madame n'est pas rassurée: «Mais il n'y a pas que les frontaliers, il y a tous ceux qui viennent d'Esch-sur-Alzette aussi…»
Il faut se dire que c'est un mal pour un bien
Abdoulaye, travailleur frontalier
Pendant ce temps, en gare de Hagondange: assis sur un banc, les écouteurs fixés aux oreilles, Abdoulaye dénote dans le paysage par son étonnant sourire. «Les travaux? Il faut se dire que c'est un mal pour un bien...» Du haut de ses 28 ans, ce graphiste travaille depuis deux ans à Ettelbruck. «D'ordinaire, une fois arrivé à la gare de Luxembourg, il me suffit de changer de train, là, il va d'abord falloir descendre à Bettembourg pour prendre le bus jusqu'à la gare puis reprendre le train. Mais bon, comme c'est géré par les CFL, je suis rassuré. Je n'ai rien contre la SNCF, mais disons que j'ai l'impression d'être mieux informé, mais c'est peut-être juste une impression...»
L'horloge indique 7h43 lorsque Abdoulaye grimpe dans le TER n°88503 déjà «bien chargé». Immédiatement, la voix d'une cheffe de bord retentit: «Nous vous rappelons que Bettembourg est le terminus de ce train.» Difficile d'oublier.
Bettembourg, 8h14 (soit quatre minutes de retard par rapport à l'horaire affiché). Les portes à peine ouvertes, la transhumance de centaines de voyageurs commence. Ils déferlent sur la gare routière voisine. Des oriflammes leur indiquent le quai d'où partent les bus pour la gare centrale de Luxembourg.
Avec leur gilet orange fluo sur le dos, les employés se transforment en maîtres de ballet pour faire virevolter des navettes très vite prises d'assaut. Les têtes aussi se mettent à tourner. Abdoulaye, lui, se montre plus serein et se permet même de choisir sa navette: «Pour éviter un ''sardinage certain'', j'ai volontairement laissé partir les deux premières pour prendre la suivante un peu moins chargée.»
Si la gare de Luxembourg-ville est plutôt bien desservie, il n'en est pas de même pour toutes les destinations... Un homme devant se rendre à Howald interpelle un agent. «Le bus vient de partir. Il y en a un toutes les vingt minutes...» Auxquelles s'ajoutent évidemment les trente minutes de trajet. Autre solution, rejoindre la gare puis rebrousser chemin jusqu'à Howald. Parti à 7h25 de Maizières-lès-Metz, Benoît est arrivé à 9h28 à son bureau. Soit 1h10 de plus que d'ordinaire. «Un bel enfer...»
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