Belgique et Luxembourg ont rendez-vous ce 31 août
Belgique et Luxembourg ont rendez-vous ce 31 août
La «Gäichel» va, enfin, avoir lieu ce mardi. Enfin, car le traditionnel rendez-vous entre gouvernements belge et luxembourgeois ne s'est plus imposé dans le calendrier depuis... 2016. Si depuis 2004, les deux exécutifs avaient pris coutume de se retrouver chaque année pour mettre à plat les dossiers du moment, l'occasion a souvent été reportée ces derniers temps. Plusieurs fois, faute de gouvernement en place du côté du royaume. Un nouveau report étant décidé, cet été, en raison de l'hospitalisation pour covid du Premier ministre du Grand-Duché.
Cette fois, rien ne semble plus s'opposer à la rencontre de ce 31 août. Alexander De Croo et son équipe sont en place (depuis l'automne 2020) et Xavier Bettel a recouvré la santé. Certes, les deux Premiers ministres ont déjà pu se croiser et échanger à maintes reprises. Mais pour nombre de leurs ministres, cette réunion constituera la première occasion de discuter en chair et en os avec leur homologue. «Et ces discussions, les yeux dans les yeux, sont cruciales le plus souvent pour faire avancer les dossiers», sait d'expérience l'ambassadeur de Belgique, Thomas Lambert.
Le diplomate, comme une centaine de collaborateurs de part et d'autre, a bien entendu préparé ce rendez-vous. Un casse-tête sanitaire et de coordination d'agenda. Pas simple de se faire croiser en une journée la douzaine de ministres que chaque pays mobilisera. «Mais aucune ombre à l'horizon entre nos deux pays», assure le diplomate. «Aucun dossier qui fâche ne se présente, juste des problématiques qui nécessitent des ajustements.»
Tiens, on ne parlera donc pas du nucléaire belge qui irrite de ce côté-ci? Pas plus que des difficultés sur certains remboursements d'arrêts maladie ou de règlement d'indemnités chômage qui agacent de l'autre côté?
En tout cas, à l'ambassade de Belgique comme au cabinet de Xavier Bettel, chacun rappelle combien l'actualité récente a montré que la relation entre Bruxelles et Luxembourg fonctionnait bien. Des preuves? La lutte contre la peste porcine aux frontières, la gestion de la crise covid (sans fermeture des frontières), l'aide à la traque de Conings, l'aide du CGDIS pendant les récentes inondations dévastatrices en Wallonie. Plus récemment encore, les opérations de rapatriement d'Afghanistan ont constitué une occasion majeure de démontrer que le binôme s'accordait parfaitement.
Accord sur le télétravail en vue
Mais, pour cette Gäichel d'autres thèmes devraient permettre aux deux gouvernements de s'accorder. A commencer par la non-imposition d'un certain nombre de jours de télétravail pour les quelque 50.000 frontaliers belges. La semaine passée, les services de Pierre Gramegna et Vincent Van Peteghem ont trouvé un terrain d'entente.
Bientôt, la limite actuelle des 24 jours tolérés ne sera plus qu'un souvenir. Sachant qu'avant l'adoption de ce futur dispositif, la «tolérance covid» pourrait bien être encore reculée de quelques mois, se murmure-t-il.
«Clairement, il s'agit là d'un dossier essentiel pour notre futur commun», ne cache pas Thomas Lambert. Avant la crise covid, chaque année voyait en effet la Belgique envoyer vers le Grand-Duché un millier de travailleurs de plus. Il ne faudrait pas qu'une question de fiscalité ne vienne ralentir ce robinet de main-d'oeuvre.
Les ministres de la Sécurité sociale devraient eux aussi avoir plusieurs annonces à faire à l'issue de cette Gäichel. Lesquelles? Motus.
Moins de secrets du côté des sujets à l'ordre du jour des ministres de la Défense. François Bausch et Ludivine Dedonder évoqueront notamment la création d'une unité militaire binationale. Le point crucial sera toutefois l'accord sur l'emploi de l'avion A400M conjointement acheté par les deux armées. Intégré à une flotte commune, l'appareil a notamment été déployé dans le cadre du dispositif Red Kite d'exfiltrations en Afghanistan.
La liaison train entre les deux capitales européennes sera l'un des points abordés entre François Bausch et le ministre des Transports belge. En mai dernier, les deux partenaires s'étaient mis d'accord pour solliciter une aide de l'Europe. Des fonds susceptibles d'accélérer un peu la nécessaire amélioration de cette liaison. D'ailleurs, en marge de cette rencontre, Georges Gilkinet profitera du déplacement pour se rendre à la BEI. Histoire de voir comment la Banque européenne d'investissement pourrait aider la Belgique sur ce dossier, financièrement ou techniquement.
Et ainsi de suite, de ministre en ministre. Ceux en charge de la fonction publique échangeront sur les meilleures pratiques de leurs administrations. Pour l'énergie, sur le développement de l'infrastructure hydrogène. Pour l'intérieur, sur la coordination de l'aide médicale d'urgence d'un pays à l'autre. Pour les communications, sur le déploiement de la 5G.
Sans oublier la question cruciale des versements du Luxembourg aux communes frontalières belges (Fonds Reynders). Un sujet qui pèse plus de 80 millions d'euros, et dont bien des bourgmestres belges seront attentifs à l'évolution.
«Tout ce qui est sur la table est utile pour nos citoyens et le développement de nos deux Etats», souligne encore l'ambassadeur de Belgique accaparé par les derniers préparatifs. «Oui, une Gaichel, c'est avant tout du travail en amont, pendant et après. Les sourires et les verres de crémant échangés, ce n'est que la partie émergée de notre bonne entente à deux, au sein du BENELUX (avec les Pays-Bas) ou au sein de l'Europe, où nos positions sont souvent communes», conclut Thomas Lambert.
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